Provinces
Quatre personnes ont été condamnées par la justice militaire congolaise à des peines allant de cinq ans de prison à la peine de mort pour leur implication dans les massacres de civils perpétrés dans l'Est du pays depuis 2014.
La Cour opérationnelle militaire du Nord-Kivu a rendu quatre arrêts mercredi 10 mai dans l’affaire des massacres qui ont fait des centaines de morts dans la ville et les environs de Beni depuis octobre 2014 et ont été attribués aux Forces démocratiques alliées (ADF), une rébellion musulmane ougandaise. « Deux personnes ont été condamnées à cinq ans de prison et deux autres à la peine de mort », a expliqué à l’AFP le colonel Jean-Paulin Esosa Masele, président de cette cour. Ces condamnations ont été prononcées dans le cadre d’un procès fleuve qui se tient à Beni depuis août dernier.
Les quatre hommes (trois Congolais et un Tanzanien) ont entre autres été reconnus coupables de « massacres de civils », « participation à un mouvement insurrectionnel » et « meurtre », a ajouté le juge, indiquant qu’un autre prévenu avait été acquitté.
Des décisions qui ne sont pas susceptibles d’appel
Interrogé par l’AFP, un avocat de la défense a accusé le procureur d’avoir « donné des orientations à la cour », une juridiction militaire d’exception, « au point d’influencer le jugement » contre ses clients. Les décisions du tribunal ne sont pas susceptibles d’appel. Cependant, la peine de mort n’est plus appliquée en RDC, qui a décidé d’un moratoire en 2002, et elle est systématiquement commuée en prison à perpétuité.
Rebelles musulmans ougandais présents dans l’Est de la RDC depuis 1995, les ADF sont accusés par le gouvernement congolais et la Mission de l’ONU en RDC (Monusco) d’être responsables de ces tueries qui ont fait plus de 700 morts dans la région de Beni depuis octobre 2014. Cette version a été remise en cause par un rapport du Groupe d’étude sur le Congo de l’Université de New-York, selon lequel les ADF portent effectivement une part très importante de responsabilité dans ces massacres, mais au côté d’autres éléments armés, parmi lesquels des soldats de l’armée régulière.
La dernière attaque d’envergure contre les civils dans la région de Beni remonte à décembre 2016, lorsque 22 personnes avaient été massacrées à la machette le jour de Noël. L’Est de la RDC, particulièrement le Nord-Kivu, est déchiré par des violences de groupes armés depuis plus de vingt ans.
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L'insécurité qui règne à Beni et dans ses environs, dans la province du Nord-Kivu, a fait de nombreuses victimes. (© AFP/Alain Wandimoyi)