Société
Connu sur la toile sous le surnom de "Keyser Soze", ce jeune amoureux des Nouvelles technologies est fondateur et co-propriétaire du premier Laboratoire numérique de Kinshasa qu’il l’a dénommé "Lumumba". LLAB (Lumumba Laboratoire) qui se situe en face de l’hôtel du gouvernement, est un espace de création, de réflexion et d’innovation pour des jeunes dans ce domaine précis.
De son vrai nom, Philippe Kabeya, il présente, dans cet entretien avec MCNT, cet ambitieux projet et évoque le concept influenceur digital et ses conséquences sur les musiciens congolais.
Parlez-nous de votre LLAB ?
D’abord, je suis passionné du numérique. Mes actions vont dans ce sens : comment le numérique peut changer le quotidien du Congolais. Mais cela passe aussi par des formations. C’est là qu’on forme beaucoup les enfants. Cela passe aussi par la formation des adultes. Raison pour laquelle on a créé un espace de réflexion, d’innovations pour des adultes, mais aussi pour des conférences à l’aide de certains partenaires.
Lumumba Lab (LLAB), est donc un lieu de réflexion, d’échange, de Co-création. On crée ensemble parce qu’il est grand temps que les Congolais réfléchissent sur leurs problèmes, leurs futurs mais avec d’autres Congolais. Parce que je me dis que l’ère des experts étrangers, européens, américains, est dépassée, ils ne comprennent pas toujours nos problèmes. Nous avons nos problèmes, nous avons nos spécificités. Par exemple, MPESA est né en Afrique, parce qu’il y avait un besoin, il aurait échoué ailleurs. Donc, il est grand temps qu’on réfléchisse à nos problèmes et qu’on tente de trouver des solutions. C’est comme ça que cet espace est né, avec un endroit de la recherche et au développement. Comment chaque jour, les jeunes peuvent tester des choses et les appliquer dans nos quotidiens.
Quelle définition donnez-vous au concept « Influenceur digital » ?
Un influenceur est reconnu par l’impact qu’il a autour de lui, le nombre des gens qui le suivent, l’engagement des gens. Prenons le cas de Facebook, par exemple, des amis comme Arlène Agneroh, quand elle publie quelque chose, vous voyez à peu près une cinquantaine de commentaires et il y a interaction. Des gens se sentent concerné par ce qui est publié, c’est ça un influenceur. Un influenceur, c’est quelqu’un qui commence à voir le rôle qu’on donnait à un moment au pasteur de soulagement. C'est-à-dire quelqu’un va vers lui pour un message qui soulage. Un influenceur, c’est comme un guide qui conduit à la consommation d’un produit ou d’une idée, quelle pratique à avoir.
Est-ce pour être un influenceur il faut un contenu spécial ?
Je crois qu’il y a des influenceurs qui sont dans tout. Mais moi, par exemple, je suis beaucoup dans le social et dans le numérique. Aujourd’hui, il y a des influenceurs dans la mode, dans la poésie, dans la musique comme Fally Ipupa, Koffi Olomide… c’est comme une chaine télé, quand les gens vont sur Canal + Sport, ils y vont chercher du sport, quand ils vont sur B-One, ils doivent savoir ce qu’ils vont chercher. C’est la même chose, on a une identité en tant qu’influenceur, bref, j’ai envie de dire qu’il faut avoir une ligne éditoriale entant qu’influenceur.
Vis-à-vis de la diaspora, les musiciens congolais payent-ils actuellement le prix fort d'influenceur ?
Je pense qu’ils sont combattus actuellement parce qu’ils ont rien dit. On leur reproche de n’avoir pas agi. Là, c’est mon analyse. Le musicien congolais est un influenceur et ils ont payé le prix fort d’un influenceur. Ce dernier a le droit et le devoir d’être indépendant. C’est ce que beaucoup de musiciens ont essayé de faire. Mais le contexte est tel que, dans la douleur dans laquelle on est, on a tellement souffert, qu’à un moment, on commence à regarder autour de nous. Comme dans la famille, un frère qu’on estime être le plus fort, le jour où on est attaqué à la maison et qu’il ne dit rien, on va lui en vouloir. C’est simplement ça le problème que les musiciens congolais ont aujourd’hui. Nos frères de l’extérieur ont estimé que la musique avait un pouvoir qu’ils n’ont pas utilisé. Et ça, c’est un peu dommage.
Et quelles seraient, pour vous, les pistes de solutions ?
On devrait laisser la musique. La musique congolaise aujourd’hui a été tuée par les combattants. Elle a perdu sa place simplement parce qu’on a demandé aux musiciens congolais de ne plus jouer. Des Nigérians, Ghanéens,… toutes les autres musiques émergent parce qu’on est absent. Nous devrions voir ce qui est important. Ce qui est important, c’est notre musique. Donc à nous de se dire qu’on laisse notre musique jouer. Nos musiciens, certes, avaient quelque chose à dire mais ils peuvent aussi le dire autrement. Donnons leur la parole, si l’on veut qu’ils en parlent. En les tuant, on n’a pas aidé le Congo, pas du tout.
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