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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Société

Violence urbaine des jeunes : l'Afrique centrale menacée

2014-08-03
03.08.2014 , Kinshasa
Société
2014-08-03
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Une étude réalisée par Raoul Kienge-Kienge, professeur au département de droit pénal et de criminologie mais également directeur au Centre de criminologie et pathologie sociale, a préconisé une gestion du phénomène fondée sur l’instauration d’une gouvernance démocratique dans la sous-région, grâce à une politique criminelle de sécurité des droits socioéconomiques, civils et politiques des jeunes citadins au lieu d’une simple politique de sécurité publique violente et inefficace.

En termes peu savants, s’inspirant de la forme particulière de la violence urbaine à Kinshasa dénommée « kuluna », Raoul Kienge-Kienge constate les limites de l’action pénale et de la répression policière sans des réponses appropriées à la vulnérabilité et précarité des familles. En effet, contrairement aux enfants de la rue ou « shégués », de nombreuses recherches renseignent que le kuluna vit bien en famille mais dans un contexte marqué par une insécurité de vie, c’est-à-dire l’incapacité des parents à faire face à leurs obligations parentales en termes d’alimentation, defrais scolaires, d’éducation, de culture et de loisir. Cette étude met aussi en garde contre le caractère régional souvent négligé du phénomène qui tend ainsi à s’exporter facilement en raison de la porosité des frontières. Pour s’en convaincre, l’auteur explique, par exemple, que le terme « kuluna » est d’origine angolaise et signifie une colonne.

Porosité des frontières

Se basant sur des données empiriques, Raoul Kienge-Kienge fait des découvertes surprenantes. « L’expression « kuluna » est utilisée dans les milieux des forces armées angolaises et signifie, soit la forme physique que doit avoir un militaire, soit la violence que celui-ci applique dans ses relations avec les citoyens, lesquelles sont caractérisées souvent par la brutalité ». Pour comprendre l’arrivée du phénomène en RDC, il faut remonter en 1995, avec la vague de refoulement d’Angola des Congolais, pour la plupart des jeunes en situation irrégulière. De nombreux jeunes kinois sont allés en Angola, en quête de survie, pour s’adonner à la recherche des diamants à Lunda. Ainsi est né le phénomène de « bana Lunda ». Beaucoup de Kinois furent dépouillés des diamants tant par les jeunes angolais que les militaires. « Pendant ces opérations, les jeunes congolais pouvaient entendre le cri de « kuluna ». À ce cri, personne ne pouvait résister et pour sauver sa peau, la solution était de tout abandonner et sauver sa vie ».

En rentrant chez eux, ces jeunes ont intégré des groupes et reproduit ce qu’ils ont vu ailleurs. Une activité qui s’est avérée très « lucrative ». Selon Raoul Kienge-Kienge, reprenant la citation d’un jeune « kuluna », ces groupes criaient le mot « kuluna » pour ne pas se faire comprendre. Le contexte de précarité socio-économique explique la formidable expansion du phénomène, et les crises politico-militaires en RDC, notamment les pillages des années 1990, l’arrivée de l’AFDL en 1996 et les guerres successives dans l’est du pays,  ont également joué à leur enracinement dans la société congolaise. « Pendant plus de quinze ans, la RDC a été le théâtre de la violence de la part des « puissants » ou des « forts (…) Sur le plan social, aucune politique de sécurisation des droits des jeunes n’a pu être envisagée. La plupart des jeunes Kuluna, qui ont aujourd’hui près de 20 ans, sont nés et ont grandi durant cette période la plus violente de la RDC».   

Menace à contenir

Aujourd’hui, le phénomène représente une vraie menace pour l’ensemble de la sous-région d’Afrique centrale. « Le peuple de l’ancien royaume Kongo et ses excroissances se retrouvent actuellement en Angola, en RDC et en République du Congo. Certaines  populations du nord de ces trois pays sont entremêlées avec celles de la République centrafricaine, du Gabon et du Cameroun ». Mais il y a des contraintes majeures à son éradication, parmi lesquelles les limites de la régulation pénale, les conditions difficiles de travail de la police judiciaire ou au pire, l’instrumentalisation de cette jeunesse pour des intérêts politiques inavoués.

En RDC, il n’existe pas de loi qui qualifie les actes de violence du kuluna, d’où l’impuissance de la justice qui remet finalement le kuluna en liberté, et la police réduite à exiger des amendes transactionnelles. L’étude déplore aussi le réseau créé autour du kuluna. « Le kuluna est la traduction d’une structure mafieuse, qui non seulement ne se réduit pas aux seuls jeunes, auteurs d’actes de violence, mais qu’il survit grâce à l’implication de diverses personnes ayant des positions sociales différentes ». Il s’agit, par exemple, des revendeurs des objets volés ou du capital relationnel important qui protège le jeune kuluna des poursuites judiciaires. 

Le phénomène reste ainsi complexe, et sa gestion n’est pas sans poser de questions de fond dont les réponses se trouvent forcément en dehors de la violence exercée systématiquement par les gouvernants en Afrique centrale, mais plutôt dans les politiques concrètes visant à bannir les différentes formes d’exclusion sociale et de privation des droits.  


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