Monde
Première place financière mondiale, la City of London pourrait perdre gros avec la sortie de l’Union européenne.
Le compte à rebours est lancé. L’article 50 enclenché, le secteur financier londonien entame déjà sa mue. Il n’a en effet que deux ans pour s’adapter à l’environnement qui naîtra du Brexit.
Dès la fin de la semaine dernière, Lloyd’s of London, le marché de l’assurance britannique, a annoncé l’ouverture d’une filiale chargée de ses opérations européennes à Bruxelles. « Il est important que nous soyons en mesure d’offrir une solution efficace au marché et à nos clients, garantissant la continuité des affaires une fois que le Royaume-Uni aura quitté l’Union européenne », avait justifié sa directrice générale, Inga Beale.
Le début d’une fuite hors de Londres? Mark Boleat, le responsable de la stratégie de la City of London, ne le pense pas. « Les responsables de Lloyd’s m’avaient prévenu bien avant le référendum qu’ils regardaient d’autres lieux », assure-t-il. « A y regarder de près, dix de leurs employés bougeront de Londres et nonante personnes seront embauchées sur place. Toutes les entreprises se basent aujourd’hui sur le scénario du pire, celui d’un Brexit dur. On ne parle cependant que de mouvements d’activités limités pour le moment. Même si UBS, par exemple, doit encore annoncer ses plans : la première banque helvétique était ici parce que le Royaume-Uni était membre de l’Union européenne ».
Mark Boleat avoue en revanche volontiers que la donne est bien différente à long terme : « Si leurs filiales européennes fonctionnent bien, certaines entreprises diront que cela ne vaut plus la peine de poursuivre leur activité britannique en raison du coût élevé des affaires ici. Elles n’auront alors aucun état d’âme. »
La puissance du maire
Consciente des enjeux, la City of London tente d’influencer, autant que possible, les négociations à venir entre Londres et les vingt-sept Etats membres. Elle dispose ainsi d’une équipe de lobbying dédiée, basée entre Londres et Bruxelles. « Vingt-huit ambassadeurs viennent d’ailleurs dîner avec moi dans deux semaines », nous précise le stratège de la City.
Cité dans la cité, cette entité administrative de 2,90 km carrés accueille la majeure partie de la finance nationale, même si quelques firmes se sont expatriées dans l’ancien quartier portuaire de Canary Warf. Elle dispose de sa propre police, de son propre maire élu tous les ans et, preuve de sa puissance, le souverain britannique n’est pas autorisé à y entrer sans autorisation préalable.
Des négociations à venir, Mark Boleat espère un accord sur une période de transition raisonnable, « dont les Européens ont admis cette semaine l’importance », et la reconnaissance mutuelle de l’existence du système financier de chacun. « Ce sont deux éléments très compliqués à obtenir, reconnaît-il. Surtout qu’au-delà de l’aspect purement réglementaire, la négociation sera fortement politique. Nous exportons énormément de services financiers vers l’Union européenne. Si la France, par exemple, est en train de développer son industrie financière, pourquoi accepterait-elle que cela continue ? ».
Depuis que Theresa May a clamé mi-février que « pas d’accord est mieux qu’un mauvais accord », l’hypothèse que les deux parties n’arrivent pas à s’entendre est prise au sérieux. Mark Boleat ne s’en inquiète toutefois pas outre mesure : « Cette question est bien plus importante pour la manufacture que pour la finance. Pour nous, l’effet serait plus indirect : quel impact aura un non-accord sur l’économie et sur la confiance de Londres en tant que centre financier ? »
Risque de fragmentation
Et même avec la perte du passeport européen ou l’obligation pour les fonds d’être gérés depuis l’Union, Mark Boleat prévoit que les institutions financières devront débourser quelques millions pour ouvrir une filiale en Europe et poursuivre leurs activités : « En fait, le système se fragmentera. »
Au point d’affaiblir considérablement la capitale britannique ? « Non, la City n’explosera pas en mille morceaux. Disons que si elle possède par exemple 80% du marché, sa part pourrait descendre à 70%, tandis que cinq ou six emplacements se partageraient ces 10%. Le marché serait moins efficace mais pas de manière catastrophique. Il perdrait l’avantage des économies d’échelle actuelles ».
Paris, Francfort et même des villes comme Cracovie ou Varsovie pourraient tirer leur épingle de ce complexe jeu. Où Londres cherchera à ne pas perdre sa suprématie.
Le code à 7 caractères (précédé de « @ ») à côté du Nom est le Code MediaCongo de l’utilisateur. Par exemple « Jeanne243 @AB25CDF ». Ce code est unique à chaque utilisateur. Il permet de différencier les utilisateurs.
Les plus commentés
Politique Spéculation autour du rôle de Maman Marthe : « Elle incarne la vision prophétique du parti, UDPS, devant guidé l’action politique du Président de la République. » ( Lisanga Bonganga)
19.04.2024, 15 commentairesPolitique Noël Tshiani Muadiamvita : ‘‘La Constitution actuelle empêche la RDC d’aller vite vers le développement’’
19.04.2024, 15 commentairesSociété Justice : l'ancien vice-ministre des Hydrocarbures condamné à 20 ans de prison
17.04.2024, 14 commentairesEconomie Acquisition de concession arable à Brazza par le Rwanda : une arme de destruction économique aux portes de Kinshasa (Analyse d'André-Alain Atundu)
18.04.2024, 11 commentaires
Ils nous font confiance