Société
A Kinshasa, la plupart des écoles privées ne paient pas de salaires pendant les deux mois de vacances. Il s’agit principalement des écoles de la catégorie « B ». A l’opposé des écoles de la classe « A » regroupant les établissements scolaires de grande renommée. Inspecteurs, promoteurs d’écoles et instituteurs en savent quelque chose. Le problème n’est pas celui de la classification des écoles privées de Kinshasa. Plutôt celui de la gestion de leurs ressources humaines pendant les deux mois de juillet et d’août consacrés aux grandes vacances.
Sans ressources, certains enseignants de ces écoles sont condamnés à la mendicité pour essayer de compenser les deux mois de non paiement de salaire. Ainsi, se voient-ils obligés de faire la ronde de certaines familles d’élèves bien ciblées. Essentiellement les familles des élèves manifestant les signes extérieurs de bien-être social. Encore qu’ici, la hauteur de l’assistance est fonction des relations que les deux parties ont entretenues tout au long de l’année scolaire.
Interrogé hier jeudi, le promoteur d’une école privée à Tshangu, dans l’Est de Kinshasa, a évoqué des raisons de contraintes budgétaires. « L’année scolaire est répartie en trois trimestres en fonction desquels les élèves paient les frais exigés. Et, c’est sur cette base que nous ventilons également le paiement des salaires. Nous commençons normalement à payer le premier salaire de l’année scolaire à partir du 30 septembre et bouclons l’année budgétaire en juin. Pendant les deux mois de vacances, nous nous retrouvons devant une situation réelle qui ne nous permet pas de payer de salaires mensuels en juillet et août. Car, pendant les deux mois de vacances, nos caisses sont au rouge. Les élèves ne paient pas. Par conséquent, nous manquons de liquidités pour payer, ne serait-ce que partiellement, les salaires à nos enseignants », a-t-il expliqué.
« NOS EMPLOYEURS SONT CUPIDES… »
De leur côté, les enseignants dénoncent ce qu’ils qualifient de cupidité de leurs employeurs. « Le vrai problème dans nos écoles est lié à la mauvaise gestion des finances. La plupart des promoteurs des écoles privées de Kinshasa, si pas tous, sont des commerçants. Ils privilégient leurs propres poches, considérant que les enseignants ne sont que des acteurs secondaires au sein de leurs entreprises. Il est vrai que les élèves ne paient pas pendant les vacances. Mais, il ne reste pas moins vrai que les frais perçus durant l’année scolaire suffisent pour payer les salaires jusqu’au mois d’août, en attendant la rentrée scolaires en septembre. Que les promoteurs des écoles privées de Kinshasa prennent pour prétexte le non paiement de frais scolaire pendant les vacances, cela relève de la mauvaise foi », a déclaré un enseignant, père de cinq enfants.
Foi aux propos de cet instituteur, on s’aperçoit que le problème est bien réel tant il s’agit de la survie même des familles. Conscients qu’ils ne seront pas payés pendant les vacances, les enseignants des écoles privées concernées pourraient s’organiser autrement, en épargnant un peu d’argent. Il semble cependant qu’une telle éventualité ne peut être envisagée, compte tenu de la modicité de leurs salaires mensuels. Une source qualifiée contactée hier par « Forum des As », a indiqué que dans la plupart des établissements privés du groupe « B » à Kinshasa, les enseignants perçoivent moins de cent dollars américain, en termes de rémunération. Dans ces conditions, on comprend qu’il serait trop demandé à un enseignant d’épargner, dès lors que déjà, il est incapable de satisfaire aux besoins élémentaires liés à sa survie.
L’ABSENCE DE SYNDICAT
Dans une sociologie de travail en RD Congo où le chômage est la règle et l’emploi, l’exception ; les enseignants des écoles privées de Kinshasa, victimes de la tyrannie de leurs patrons, ont choisi de vivre dans la résignation. Une « discipline » librement consentie, de peur de perdre son emploi quand bien qu’il paierait médiocrement. De l’avis de nombreux observateurs, l’absence de syndicat serait l’une des raisons qui expliquent le mauvais traitement des enseignants des écoles privées, du reste travaillant sans contrat de travail signé en bonne et due forme.
Etant entendu qu’il s’agit ici d’un problème qui touche à la législation en matière d’emploi en RD Congo, certains analystes estiment qu’il est de bon droit que l’Etat intervienne. L’arbitrage serait par exemple que le Gouvernement puisse fixer le montant minimum obligatoire à payer en termes de salaires. Ceux des propriétaires d’écoles qui n’obtempèreraient pas, n’auraient qu’à choisir entre la fermeture de leurs établissements et le respect de la loi. Pour appliquer une telle mesure, au cas où elle serait prise, les différents inspecteurs du travail pourraient utilement contribuer dans la traque des promoteurs récalcitrants.
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