Biélorussie : les opposants au régime Loukachenko raflés par centaines

La répression du mouvement, qui défie depuis plusieurs semaines le président autocrate de Biélorussie, Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 23 ans, s’est encore durcie ce week-end. Des centaines de manifestants ont été arrêtés, parfois brutalement, samedi, dans la capitale Minsk.

Les autorités biélorusses ont brutalement réprimé les manifestations qui se tenaient à Minsk à l’occasion de la Fête nationale, samedi. Plusieurs centaines d’arrestations ont été reportées par des journalistes et des ONG. Le poète Vladimir Nekliaïev, opposant au régime, été interpellé à la frontière, dans le train entre Varsovie et Minsk.

Depuis plusieurs semaines, des rassemblements de plusieurs milliers de personnes se sont tenus dans plusieurs villes du pays. Ils sont d’une ampleur inédite depuis 2010, quand avait été une nouvelle fois réélu le très autoritaire président Alexandre Loukachenko, au pouvoir depuis 23 ans…

C’est un impôt, surnommé la « taxe anti-parasites », qui a déclenché la colère des Biélorusses. Il vise les chômeurs qui ont travaillé moins de six mois dans l’année, pour soi-disant « les remettre au travail ».

La police avait laissé faire lors des premières manifestations, en février. « Ils ne sont pas intervenus d’entrée probablement pour des raisons d’image et de politique étrangère, explique Andrei Kazakevich, directeur de l’Institut Political Sphere à Minsk. Depuis la guerre en Ukraine, il est très important pour la Biélorussie d’avoir de bonnes relations avec l’Union européenne et les États-Unis. Mais la politique intérieure et le contrôle de la population finissent toujours par l’emporter pour le gouvernement ! »

Les relations entre la « dernière dictature d’Europe », comme est souvent désigné ce pays de moins de 10 millions d’habitants, et l’Union européenne s’étaient réchauffées depuis un an et demi. La Commission a réagi aux événements de ce week-end dans un communiqué : « Une telle répression de la liberté d’expression et de rassemblement est en contradiction avec la politique de démocratisation de la Biélorussie et ses engagements internationaux. »

« Pour l’instant, la taxe est officieusement gelée, affirme Andrei Kazakevich. Le décret sera peut-être modifié ce printemps… Mais ce n’est pas le seul problème qui préoccupe les manifestants ! Il y a des tensions sociales à cause du chômage, de la crise et parce qu’il n’y a aucun espoir que la situation s’améliore. »