Recherche
  Home Actualités Petites annonces Offres d’emploi Appels d’offres Publireportages C'est vous qui le dites Medias & tendances Immobilier Recherche Contact



Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 05 mars 2024
mediacongo
Retour

Economie

Le franc congolais dans l’impasse

2017-03-04
04.03.2017
2017-03-04
Ajouter aux favoris
http://www.mediacongo.net/dpics/filesmanager/actualite/2017-actu/03-mars/06-12/franc_congolais_billet_1000fc_17_0001.jpg -

La parité USD/CDF indique déjà 1 350 au marché parallèle. Rien ne rassure pour l’instant que le taux de change va amorcer le mouvement contraire dans les prochains jours ou mois. Jusqu’où va aller le dollar par rapport au franc ? Des analystes considèrent la barre de 1 500 francs comme étant « un seuil fatidique » qu’il ne faut pas franchir. Ce serait suicidaire pour les ménages, disent-ils, en l’état actuel de la situation déjà volatile à cause des tensions politiques persistantes dans le pays depuis septembre 2016. Le taux de change est un des indicateurs clés dans l’appréciation de la santé économique d’un pays. C’est le cours ou le prix de la monnaie nationale par rapport à une devise, en général le dollar ou l’euro. La République démocratique du Congo a opté pour un taux de change flottant du franc par rapport au dollar, déterminé à chaque transaction par l’équilibre entre l’offre et la demande sur le marché des changes.

Quand les chiffres parlent

En économie, disent les analystes, ce sont les chiffres qui parlent. Les pressions inflationnistes que l’on observe en ce moment sont la conséquence du ralentissement de la croissance économique. Or, l’accroissement de l’inflation donne souvent lieu à des tensions sociales. Et dans pareilles circonstances, selon le dernier Rapport de suivi de la situation économique de la RDC de la Banque mondiale, le défi immédiat pour les pouvoirs publics est de « réduire l’incertitude politique et d’atténuer les déséquilibres macroéconomiques afin d’éviter une situation où les tensions pourraient se nourrir les unes des autres, conduisant à l’instabilité et au déclin de l’activité économique. » Il faudrait donc une rapide sortie de la situation de crise actuelle. »

En clair, les indicateurs économiques clés sont au rouge. La baisse continue des revenus des industries extractives constitue « un risque immédiat » pour l’économie nationale. Pire, elle a déjà des effets néfastes sur la stabilité macroéconomique ainsi que sur le budget de l’État, les soldes extérieurs en particulier. Les analystes redoutent que des rentrées insuffisantes en devises ne puissent entraîner une baisse des réserves de change et une pénurie en devises étrangères, rendant ainsi l’importation de produits de base difficile. La conséquence est que les hausses de prix seront préjudiciables pour les pauvres. Les réserves de change sont des ressources que l’on met à la disposition des opérateurs économiques pour soutenir la monnaie nationale. En RDC, le produit de la vente des matières premières brutes (cuivre, cobalt, pétrole…) contribue pour beaucoup à la constitution des réserves de change. Outre le fait de soutenir la monnaie nationale, les réserves de change contribuent aussi à attirer (afflux) les capitaux étrangers (investissements).

La baisse des réserves de change de la Banque centrale du Congo (BCC) s’est accélérée en 2016. Par exemple, les réserves en devises ont diminué de 480 millions de dollars entre fin 2015 et fin octobre 2016. Selon la Banque mondiale, cette diminution au rythme de 48 millions de dollars par mois est en nette accélération par rapport à la baisse observée au cours de l’ensemble de l’année 2015 (240 millions de dollars, au rythme de 20 millions par mois). Ainsi, les réserves sont passées de 5,8 semaines d’importations (à fin 2015) à 4,1 semaines (octobre 2016). « Ce niveau est bien inférieur au niveau standard, estimé par le Fonds monétaire international (FMI) à au moins trois mois d’importations, soit 3 à 4 milliards de dollars dans le cas de la RDC », lit-on dans le dernier Rapport de suivi de la situation économique de la RDC par la Banque mondiale. Le niveau de réserves en octobre 2016 permet de couvrir à peine quatre mois d’importations de biens de consommation.

Vulnérabilité

Avec de faibles niveaux de réserves, censés à la fois subvenir aux besoins d’importation et assurer la stabilité du marché des changes, la RDC s’expose à la vulnérabilité. Si aucune initiative n’est prise pour arrêter l’hémorragie et en se basant sur la tendance actuelle, les réserves devraient baisser jusqu’à moins de 800 millions de dollars. Ce qui ne couvrirait que 2,5 semaines d’importations.

Par exemple, en décembre 2013, les réserves de change étaient de 1 745 41 milliard de dollars couvrant plus de 9 semaines d’importations. En février 2016, elles étaient de 1 320 64 milliard de dollars, soit plus de 5 semaines ; et en janvier 2017, elles sont tombées à 852 millions de dollars, soit moins d’un mois d’importations.

Pour contrôler la liquidité sur le marché, la Banque centrale, utilise une politique monétaire. Celle-ci est soit restrictive, soit expansionniste. Lorsqu’elle est restrictive, la Banque centrale vend des titres via des opérations d’appel d’offre et augmente le ratio de réserves bancaires obligatoires. Elle est expansionniste quand la Banque centrale achète des titres via des opérations d’appel d’offre et diminue le ratio des réserves bancaires obligatoires. Par offre de la monnaie, il faut entendre surtout le suivi de la masse monétaire par la Banque centrale. La masse monétaire a tendance à augmenter à mesure que l’économie croît. Le coefficient de réserve obligatoire sert également à réguler la masse monétaire en circulation. L’augmentation de la dépense publique, par exemple lors des élections, contribue à une forte augmentation de la masse monétaire dans l’économie.

D’où l’on parle alors de l’inflation… qui est tout simplement la hausse des prix. On parle d’inflation lorsqu’il y a une hausse généralisée et persistante du niveau général des prix à la suite d’un grossissement anormal et excessif des moyens de paiement. Autrement dit, l’inflation est la perte du pouvoir d’achat de la monnaie qui se traduit par une augmentation générale et durable des prix. Il s’agit d’un phénomène persistant qui fait monter l’ensemble des prix et auquel se superposent des variations sectorielles des prix. L’inflation est mesurée en utilisant l’indice des prix à la consommation, calculé sur la base de la tarification d’un panier de biens et services, dépenses d’investissement non comprises. Les données de l’indice des prix à la consommation sont fournies hebdomadairement par la Banque centrale. Selon les projections de la BCC, par exemple, l’inflation en RDC devrait rester autour de 3 % en 2016.

Mais la baisse continue des cours des matières premières a commencé à affecter l’économie congolaise à partir de la seconde moitié de 2015. Jusqu’à la mi-2015, la baisse des prix des matières premières a été en grande partie compensée par une augmentation de la production minière en volume, et soutenue par une demande assez forte des pays émergents dont principalement la Chine. Ainsi, le taux de croissance du Produit intérieur brut (PIB) réel est resté élevé à 7,7 % en moyenne au cours de la période 2010-2014. En effet, le niveau des cours de la plupart des produits d’exportation était jugé acceptable par les opérateurs miniers en comparaison à leur seuil de rentabilité. Ce qui a permis la poursuite des investissements et de la production dans le secteur.

Cependant depuis le second semestre de 2015, la baisse continue de la demande et des prix des matières premières a commencé à affecter la production minière et l’économie nationale. Qui montre désormais des signes de vulnérabilité due aux effets combinés de l’accélération de la baisse des prix des produits de base.

Le rapport de la Banque mondiale note que « l’érosion des prix des matières premières et le ralentissement de l’économie mondiale ont poussé la RDC dans une situation de pré-crise. » Depuis le second semestre de 2015, les prix des produits de base et pétroliers ont diminué rapidement, avec une baisse plus marquée pour les produits pétroliers. Au même moment, le ralentissement de l’économie chinoise a commencé à affecter l’économie congolaise.

Entre 2000 à 2012, le ralentissement de 1 % en Chine entraînerait une baisse de 0,3 point de pourcentage du PIB de la RDC, une détérioration similaire dans le déficit du compte courant, et une baisse des réserves en devises de 107 millions de dollars. Or, le ralentissement en Chine a atteint 3 à 4 points de pourcentage du PIB et la croissance du PIB estimée pour 2015 est de 6,9 %, soit plus de 2 points de pourcentage en dessous de son niveau de 2014 (9,5 %), et en baisse par rapport aux projections initiales de 10,4 % faites par le gouvernement.

Coup de grâce

Cette situation s’est aggravée par la décision d’un opérateur minier majeur de suspendre en septembre 2015 ses activités de production pendant 18 mois. En effet, alors que la RDC était déjà aux prises avec le ralentissement chinois, la décision du groupe suisse Glencore de suspendre la production d’une de ses deux filiales à Kolwezi, Kamoto Copper Compagny (KCC) pendant 18 mois à partir de fin août 2015 a ajouté une pression supplémentaire à la vulnérabilité de l’économie de la RDC. En effet, KCC a produit 17 % du cuivre de la RDC et 5 % du cobalt en 2014. Les deux minéraux représentaient entre 70 % et 80 % des exportations de la RDC. Par conséquent, l’impact de la décision de Glencore sur une année entière pourrait être un manque à gagner à l’export de 1,2 milliard de dollars pour 2016. Il s’agit d’un choc équivalent à 3,1 % du PIB et qui pourrait coûter entre 500 à 700 millions de dollars en réserves. Les indicateurs économiques disponibles pour les premiers mois de 2016 soulignent un ralentissement sensible de l’activité économique. Ainsi, le gouvernement prévoyait en juin une croissance ne dépassant pas 4,3 % pour l’ensemble de l’année 2016. Les indicateurs quantitatifs montrent qu’entre les premiers six mois de 2015 et 2016, la production de pétrole a diminué de 3,8 %, celle de cuivre de 13,3 %, celle de cobalt de 14,2 % et celle de l’or de 15,6 % contre des augmentations respectives de 0,4 %, 8,6 %, 18,8 % et 72 % entre les premiers semestres 2014 et 2015. La production de diamants, artisanale pour l’essentiel, a augmenté de 3,3 % entre les premiers semestres 2015 et 2016. La consommation de ciment a diminué de 45 % entre les six premiers mois de 2015 et 2016. Cette baisse de la consommation de ciment contraste avec l’augmentation de 22 % constatée entre les six premiers mois de 2014 et 2015 et souligne l’importance du ralentissement de l’économie domestique en 2016.

Les perspectives à court et moyen termes restent favorables, certes. Mais elles restent sous le signe de la vulnérabilité. « Les tensions politiques prolongées et les perspectives économiques mondiales moroses freineraient la croissance en RDC », soulignent des experts de la Banque mondiale. Les projections prévoient une croissance économique de 5 % en moyenne en 2017-2018, au-dessus du niveau le plus bas observé en 2016, mais nettement en dessous de la moyenne observée entre 2010-2015. La croissance en 2017-2018 bénéficierait d’une reprise progressive des industries extractives répondant à une lente reprise de la demande mondiale, ainsi que de l’expansion de l’agriculture et des services. La lente reprise de la mobilisation des recettes domestiques permettrait de rétablir une certaine marge de manœuvre budgétaire et une reprise des dépenses publiques.

À plus long terme, le déverrouillage du potentiel de croissance de la RDC nécessite des investissements importants dans les infrastructures et le capital humain. En raison de ses ressources naturelles abondantes et d’une main-d’œuvre nombreuse et sous-employée, la RDC dispose d’un potentiel de croissance important. Cependant, mobiliser ce potentiel exige la suppression des goulots d’étranglement dans l’infrastructure et le capital humain. Cela reste difficile à obtenir sans une mobilisation des recettes domestiques et externes qui permettrait au gouvernement d’augmenter à la fois les dépenses publiques et de renforcer les institutions censées exécuter cette dépense et la suivre. Pour mobiliser plus de ressources, la RDC a besoin d’adopter et d’appliquer des cadres juridiques, administratifs et institutionnels crédibles, y compris l’adoption des amendements au code minier. Au-delà des investissements publics et en capital humain, cette plus grande disponibilité des ressources est indispensable pour réduire les vulnérabilités macroéconomiques et contribuer au succès de la décentralisation et de la diversification.

La résilience à long terme exige la diversification des exportations par produit et destination, la promotion à différentes échelles de la production minière, et d’investir dans l’infrastructure. La forte concentration des exportations de la RDC est une source de vulnérabilité. Le niveau des exportations est élevé (35 % du PIB), ainsi que leur concentration géographique (41 % vers la Chine) et par produit (pétrole et mines à 97 %). Par conséquent, la diversification des exportations de la RDC par produit et par marché augmenterait la résilience du pays et contribuerait aux objectifs de développement à long terme. En outre, l’exploitation minière industrielle à forte intensité capitalistique contrôlée par les multinationales ne contribue pas assez aux recettes domestiques nationales et infranationales, génère peu d’emplois, et conduit à d’importants transferts au titre de rémunération des IDE. Par contraste, l’exploitation artisanale est intensive en main-d’œuvre et génère des revenus pour les ménages, mais reste largement informelle.


Business et Finances
C’est vous qui le dites :
8451 suivent la conversation

Faites connaissance avec votre « Code MediaCongo »

Le code à 7 caractères (précédé de « @ ») à côté du Nom est le Code MediaCongo de l’utilisateur. Par exemple « Jeanne243 @AB25CDF ». Ce code est unique à chaque utilisateur. Il permet de différencier les utilisateurs.

Poster un commentaire, réagir ?

Les commentaires et réactions sont postés librement, tout en respectant les conditions d’utilisation de la plateforme mediacongo.net. Vous pouvez cliquer sur 2 émojis au maximum.

Merci et excellente expérience sur mediacongo.net, première plateforme congolaise

MediaCongo – Support Utilisateurs


right
Article suivant Afrique de l'Est: la crise alimentaire progresse dangereusement
left
Article précédent Lutte contre le blanchiment des capitaux : Luzolo Bambi monte des stratégies

Les plus commentés

Afrique Insécurité dans l'Est de la RDC : Kagame exige à Tshisekedi de revenir sur ses propos d'attaquer le Rwanda avant de le rencontrer !

25.03.2024, 33 commentaires

Politique Fervent Kabiliste jusqu'il y a peu, Henry Magie rejoint Nangaa et l'AFC dans la rébellion

28.03.2024, 9 commentaires

Afrique La compromission de Luanda : Kinshasa reconnaît les FDLR, Kigali se frotte les mains

25.03.2024, 8 commentaires

Politique Agression rwandaise : « Un jour d’une manière ou d’une autre, tout ceci s’arrêtera » (Félix Tshisekedi)

26.03.2024, 7 commentaires


Ils nous font confiance

Infos congo - Actualités Congo - confiance