Société
La justice congolaise a requis cinq ans de prison mardi 24 janvier 2017 à Kinshasa contre un opposant accusé de vente illégale d'immeubles en République démocratique du Congo.
Dans un réquisitoire prononcé en l'absence de l'accusé et de ses avocats, le ministère public a demandé au tribunal paix de Kinshasa-Ngaliema de condamner Jean-Claude Muyambo à "60 mois de servitude pénale principale".
Un peu plus tôt, M. Muyambo, président d'un petit parti politique, s'était retiré de la salle d'audience en dénonçant "le parti pris", selon lui, du tribunal, après que la cour eut rejeté sa demande de report de l'audience présentée pour vice de forme.
Le tribunal a mis le jugement en délibéré et doit faire savoir sa décision sous huitaine.
Ancien allié du président Joseph Kabila, M. Muyambo, qui a fait fortune comme avocat d'affaires, a été l'un des meneurs de la contestation de janvier 2015 contre le pouvoir, au cours de laquelle plusieurs dizaines de personnes ont été tuées dans trois journées d'émeutes à Kinshasa du 19 au 21 janvier
Arrêté au deuxième jour de ces troubles, il est accusé d'avoir vendu illégalement à son profit plusieurs immeubles appartenant à un ressortissant grec, Emmanuel Stoupis, au Katanga, région du sud-est du pays.
M. Stoupis est à l'origine d'une plainte similaire déposée contre l'opposant Moïse Katumbi, ex-allié de poids de M. Kabila passé à l'opposition en septembre 2015, ayant valu à celui-ci d'être condamné par contumace à trois ans de prison en juin 2016.
Menacé d'un procès pour atteinte à la sécurité de l’État, M. Katumbi, candidat déclaré à la présidentielle censée avoir lieu à la fin de l'année, vit en exil en Europe depuis mai 2016.
Le procès de M. Muyambo a repris alors que l'opposition exige la libération de plusieurs détenus, aux rangs desquels MM. Muyambo et Katumbi, qu'elle considère comme des "prisonniers politiques".
L'opposition réclame leur élargissement dans le cadre des "mesures de décrispation" prévues par l'accord conclu le 31 décembre entre la majorité et l'opposition en vue d'organiser une cogestion du pays jusqu'à la prochaine présidentielle.
Cet accord a été conclu après que M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, se fut maintenu à la tête du pays au-delà du terme de son mandat, le 20 décembre, en vertu d'une décision controversée de la Cour constitutionnelle.
Pour le pouvoir, au contraire, MM. Muyambo et Katumbi sont des prisonniers de droit commun devant répondre de leurs actes comme n'importe quel citoyen.
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