Sommet sur la lutte contre les violences sexuelles : Londres offre 10 millions Usd supplémentaires pour aider les survivantes

Connus pour leur pragmatisme, les britannique, à travers le gouvernement de sa très gracieuse majesté Elisabeth II, se mettent en première ligne sur le front de la lutte contre les violences sexuelles. En témoigne la tenue, cette semaine à Londres, du sommet mondial visant à mettre un terme aux violences sexuelles dans les zones de conflits. A Kinshasa, l’ambassade du Royaume Uni a organisé, hier mercredi 11 juin, une manifestation en écho à cette grande initiative du Foreign Office. Lors de cette réception, la chargée d’Affaires de l’Ambassade de Grande-Bretagne en RDC a insisté sur le maître mot des assises de Londres : l’action. Il est donc temps d’agir pour éradiquer ce fléau.

La capitale britannique abrite, depuis le mardi dernier, la plus grande rencontre internationale sur les violences sexuelles. Prévu du 10 au 13 juin prochain, le Sommet mondial ‘‘Time to act’’ vise à sensibiliser les dirigeants du monde et les acteurs de la Société civile à s’impliquer activement dans la lutte contre les violences sexuelles qui sévissent particulièrement dans les zones de conflits. L’un des pays les plus touchés par ces affres, la République démocratique du Congo est représentée à ce forum par une centaine des délégués.

« Ce Sommet est la plus importante rencontre sur les violences sexuelles que Londres n’ait jamais abritée ». Paraphrasant ainsi William Hague, le ministre britannique des Affaires étrangères, la chargée d’affaires de l’ambassade de Grande Bretagne en RDC a voulu montrer à l’opinion combien son pays tient à mettre un terme à la vague des violences qui torpille la vie des millions de femmes et de filles à travers le monde.

S’adressant particulièrement aux décideurs congolais ainsi qu’aux acteurs de la Société civile venus nombreux à la soirée de sensibilisation organisée à la chancellerie britannique à Kinshasa, Emily Maltman a tenu à exprimer sa sollicitude à l’égard de toutes ces victimes qui subissent des viols dans les zones de conflits de la RDC en dehors des caméras sans qu’aucune voix ne s’élève pour protester.

117 GOUVERNEMENTS DU MONDE PRESENTS AU SOMMET DE LONDRES

« Lors de ma première visite en RDC en 2010, pendant que j’accompagnais mon ministre à Mpanzi (contrée du Sud-Kivu où le médecin congolais Mukwege s’adonne à soigner des centaines de dames violées), j’ai été personnellement touchée par le message de ces nombreuses femmes abusées qui suppliaient notre délégation en criant à nos oreilles : ‘‘S’il vous plaît, ne nous oubliez pas’’ ». Aujourd’hui, estime Emily Maltman, il est temps de mettre un terme à ces cycles des violences sexuelles qui crucifient la dignité même de la femme.

C’est pour cette raison que nous nous réjouissons de la grande participation des Congolais au Sommet de Londrès, a souligné la chargée d’affaires de l’ambassade de Grande Bretagne en RDC. A ces assises auxquelles prennent part 117 gouvernements du monde et plusieurs délégués de la Société civile et des organisations des droits de l’homme, la République démocratique du Congo est représentée par une centaine des participants, et au plus haut niveau par le Vice-Premier ministre en charge de la Défense, Alexandre Luba, et la ministre du Genre, Famille et Enfant, Géneviève Inagossi.

10 MILLIONS USD POUR AIDER LES SURVIVANTES

Promettant de mettre la main à la poche, en octroyant une rallonge de 10 millions de dollars américains à la lutte contre les violences sexuelles, Londrès s’attend à aller au delà des discours en cherchant à obtenir le plus vite possible des actions concrètes. Aux dires d’Emily Maltman, la campagne « Time to act » (Il est temps d’agir) vise à mettre fin à l’impunité. A mobiliser les acteurs publics et les animateurs de la Société civile à traquer les auteurs des violences sexuelles pour qu’ils puissent subir des sanctions exemplaires.
« On doit éradiquer les horreurs des violences sexuelles dans les zones des conflits », a renchéri à ce propos William Hagne, le ministre britannique des Affaires étrangères, dans son allocution d’hier mercredi à Londrès. Discours retransmis sur écran géant dans la soirée organisée à l’ambassade de la Grande Bretagne à Kinshasa.

Déterminé à lever tous les obstacles qui empêchent la justice d’agir, faute de preuves, l’autorité britannique tient à stimuler, à travers sa campagne, les dirigeants politiques du monde à taper du poing sur la table. Afin que « chaque homme qui viole une femme ou une fille dans les zones de conflits réfléchisse désormais deux fois avant de commettre plus tard un tel acte ».

DISCOURS DE MADAME EMILY MALTMAN, CHARGEE D’AFFAIRES DE L’AMBASSADE BRITANNIQUE

Comme nous savons tous ici en RDC, les violences sexuelles en zones de conflit détruisent les vies, et endommagent les communautés. Ce qui est inacceptable. Tant de personnes en ont déjà souffert. Il est temps d’éradiquer ce fléau. Je vous souhaite la bienvenue ce soir pour participer à cet événement qui marque le plus important effort international qui soit pour mettre fin aux violences sexuelles en zones de conflit.

Cette semaine à Londres, le ministre britannique des affaires étrangères, William Hague, et l’Envoyée Spéciale du HCR, Angelina Jolie, co-organisent le Sommet mondial visant à mettre fin aux violences sexuelles dans les zones de conflits. Il s’agira de la plus importante rencontre jamais organisée sur le sujet. Les représentants de plus de 117 de gouvernements, de la société civile, des forces armées, des instances judiciaires et du public y prendront part.

La RDC est un pays prioritaire au vue de cette initiative. Nous nous réjouissons de la participation d’une délégation gouvernementale de haut niveau, menée par Son Excellence le vice premier ministre et ministre de la Défense Nationale et Anciens Combattants, accompagné par Son Excellence Madame la ministre du Genre, de la Famille et de l’Enfant - et de la présence d’une centaine de délégués congolais provenant de divers horizons.

Je reconnais qu’il s’agit d’une question sur laquelle vous travaillez depuis plusieurs années. Je salue votre courage et votre détermination. J’espère que cette impulsion internationale grandissante va redynamiser nos efforts communs en RDC. Je voudrais relayer l’annonce de notre ministre des Affaires Etrangères faite hier, d’une rallonge de 10 million de dollars de financement britannique. Ce financement aidera les Nations Unies et l’Organisation Internationale des Migrations d’accroitre leur travail pour aider les survivants.

Mais il ne s’agit pas que d’en parler : nous voulons voir des actions concrètes être convenues lors du Sommet. Les actions qui conduisent au changement sur le terrain. Par exemple de :

• briser la culture de l’impunité ;
• assurer d’appui aux survivants ;
• et libérer les survivants du poids de la honte pour l’imposer aux auteurs.

Lors de ma première visite en RDC en 2010, j’ai accompagné la ministre britannique pour les affaires africaines à l’hôpital Panzi au Sud Kivu. Je n’oublierai jamais les conversations que j’ai eues – elles m’ont demandé une chose : « s’il vous plait, ne nous oubliez pas. Nous souhaitons autre chose pour nos filles ».

Elles méritent mieux.

Comme le ministre Hague l’a dit, nous voulons que le monde se réveille maintenant et déclare que le viol et les violences sexuelles ne font pas inévitablement partie de la guerre.

Merci.