Recherche
  Home Actualités Petites annonces Offres d’emploi Appels d’offres Publireportages C'est vous qui le dites Medias & tendances Immobilier Recherche Contact



Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 02 mai 2024
mediacongo
Retour

Economie

Qu’est-ce qui ne va pas à la Gécamines ?

2016-10-03
03.10.2016 , Kinshasa
2016-10-03
Ajouter aux favoris
http://www.mediacongo.net/dpics/filesmanager/actualite/2016_actu/octobre/3_au_9/gecamines_siege_lshi.jpg Kinshasa-

Sa production est au plus bas, son endettement au plus haut, ses partenaires internationaux lui font faux bond et, pour ne rien arranger, le contexte politique ne joue pas en sa faveur. Bref, la Générale des carrières et des mines navigue à vue.

Où va la Générale des carrières et des mines, dite Gécamines, qui a soufflé cette année ses 50 bougies ? Pas sûr qu’Albert Yuma Mulimbi, son tout-puissant président depuis six ans, le sache vraiment, tant il semble naviguer à vue dans le marigot politico-économique congolais.

Yuma Mulimbi à l’heure du bilan

Résultat de recherche d'images pour

Le 9 septembre, le dirigeant à multiples casquettes dont celle de patron des patrons de la RD Congo, qui a ses entrées chez le président Joseph Kabila, défendait son bilan dans l’émission de radio Éco d’ici, Éco d’ailleurs, avec toute la verve dont il est capable, face aux journalistes de RFI et de JA.

Il affirmait que sa compagnie, détenue entièrement par l’État, avait les moyens de reprendre en main les actifs cuprifères du Katanga avec un nouveau plan de relance de la production dont il a détaillé les différents volets : « Nous allons ramener nos effectifs [d’environ 9 000 employés actuellement] à 7 000 personnes. Nous allons également fermer toutes les filières non rentables. Pour mener à bien ce plan, nous allons investir 714 millions de dollars [environ 640 millions d’euros]. D’ici à 2020, nos activités généreront 220 millions de dollars. Les banquiers nous accompagneront pour 200 millions supplémentaires. Enfin, nous sommes en discussion avec des partenaires, notamment au sujet d’un stock de zinc qui devrait nous rapporter 300 millions de dollars. »

De nombreux griefs

Les grèves se multiplient sans cesse dans toutes les mines et usines de ce qui était considéré à raison comme le poumon de l’économie congolaise (© P.K./mediacongo.net)

Las ! Ils sont bien peu à croire encore à la renaissance de la « Géca » en RD Congo. « À Lubumbashi, tout le monde sait bien que la Gécamines d’antan ne reviendra pas, regrette un cadre d’un groupe minier international. La compagnie n’attire plus les meilleurs professionnels congolais. La protection sociale qu’elle offrait auparavant à ses employés appartient au passé, et nombreux sont les arriérés de salaires. Surtout, sa réputation de mauvaise gestion est établie, notamment en raison de l’immixtion du politique dans son management ».

Pour ce professionnel, le discours d’Albert Yuma Mulimbi reste incantatoire. Et de rappeler le premier plan de relance de la Gécamines, en 2011, resté quasi lettre morte. Lui aussi visait à redonner la main à la compagnie et non à ses partenaires étrangers sur l’exploration et l’extraction, tout en apurant un passif de 1,7 milliard de dollars. Cinq ans plus tard, faute d’une aide financière de l’État qui avait promis 800 millions de dollars mais ne les a jamais décaissés, l’endettement est resté pratiquement inchangé.

Par ailleurs, « personne n’a vu la couleur des 962 millions de dollars d’investissement annoncés à l’époque », s’offusque un membre de la Chambre des mines à Lubumbashi. Quant à l’activité d’exploration de nouveaux gisements, destinée à préparer l’avenir, elle n’a toujours pas démarré. Enfin, la production n’a pas décollé.

Une production revue à la baisse

Résultat de recherche d'images pour

Avec seulement 25 000 tonnes de cuivre de production propre prévues en 2016 (soit moitié moins qu’en 2015), les objectifs du nouveau plan évoqués au début de septembre par Albert Yuma Mulimbi (75 000 tonnes en 2017, puis 100 000 tonnes en 2018) ne convainquent pas grand monde, compte tenu du délabrement des usines de la vieille dame.

Pourtant, ces chiffres n’ont rien de grandiloquent comparés à ceux du temps de la splendeur de la compagnie, au milieu des années 1980, quand la production flirtait avec les 500 000 tonnes de cuivre par an. Certes, le patron peut se vanter d’avoir évité la faillite de la compagnie, mal en point quand il en a pris la tête en 2010, et cassé les « mauvais partenariats » pour en nouer de nouveaux avec des groupes chinois dont celui des gisements de Deziwa et d’Écaille C, repris en 2013 et confiés à China Nonferrous Metals Company (CNMC) en juin dernier.

Mais tout reste à faire pour relever le groupe, renouer avec l’efficacité opérationnelle et renflouer ses finances. Et la conjoncture actuelle, avec des cours du cuivre aux alentours de 4 700 dollars la tonne (contre 8 500 dollars en 2012), ne lui facilite pas la tâche, les grands acteurs du secteur préférant mettre la pédale douce sur la production ; c’est le cas de Glencore, qui a réduit la voilure dans sa mine congolaise de Kamoto.

Le dossier Freeport-Mcmoran

Le Siège social de Tenke Fungurume Mining, à Lubumbashi, le 09 mars 2015. (© Gwenn Dubourthoumieu/JA) 

En outre, Albert Yuma Mulimbi et ses équipes doivent trouver une issue à la bataille qui les oppose aux Américains de Freeport-McMoran et aux Canadiens et Suédois de Lundin Mining pour la reprise en main de Tenke Fungurume. Ce complexe extractif et industriel n’est rien de moins que la première mine de cuivre de la RD Congo : avec une production annuelle d’environ 200 000 tonnes, elle a généré 1,38 milliard de dollars de revenus et un excédent brut d’exploitation de 513 millions de dollars en 2015.

Détentrice de 20 % des parts du projet, la Gécamines entend bien empêcher la revente sans son accord, pour 2,65 milliards de dollars, des parts de Freeport-McMoran (56 %) à China Molybdenum. Annoncée le 9 mai, l’opération n’est toujours pas finalisée, en raison de l’activisme de la direction de la Gécamines, ulcérée par le fait qu’un actif congolais puisse être revendu sans son intervention.

Jacques Kamenga, directeur général par intérim, a même affirmé dans une interview à l’agence Reuters avoir déposé une contre-offre de rachat, le 7 septembre. « Si Freeport-McMoran veut vendre et si China Molybdenum veut vraiment acheter, qu’ils le fassent, mais en se mettant à table avec la Gécamines et en RD Congo. Dans le cas contraire, la compagnie trouvera sans souci un autre repreneur », avertit un bon connaisseur du dossier, proche d’Albert Yuma Mulimbi.

Et d’affirmer que des groupes chinois et nord-américains ont déjà fait part de leur intérêt ; ils seraient prêts à sortir les quelque 3 milliards de dollars d’investissements nécessaires, quelle que soit la conjoncture.

Une participation grandissante dans les opérations minières

À Tenke Fungurume comme dans la trentaine d’autres mines dont la Gécamines est actionnaire au Katanga, le plus dur sera de faire en sorte que les nouveaux partenaires des projets intègrent une participation grandissante de la compagnie congolaise aux opérations afin que celle-ci soit, à terme, le véritable opérateur des mines, et non un actionnaire minoritaire qui se contente de prendre sa part de dividendes.

Albert Yuma Mulimbi met en avant le modèle de partenariat avec CNMC pour les gisements de Deziwa et d’Écaille C : « Il prévoit un retrait progressif du partenaire chinois et une montée au capital de la Gécamines grâce aux revenus générés par ses parts. D’ici une dizaine d’années, la compagnie héritera d’un gisement produisant 200 000 tonnes par an et en sera actionnaire à 100 %. »

Les détracteurs des coentreprises avec des Chinois nombreux parmi les salariés de la Gécamines et organisés en une kyrielle d’associations, de partis politiques et de syndicats dénoncent le fait que ces groupes ne prévoient aucun plan de transformation du minerai sur place et critiquent leurs pratiques sociales et environnementales.

Un retrait du jeu politique

Second chantier lui aussi crucial : la dépolitisation de l’ex-compagnie publique, régie depuis 2010 par un statut d’entreprise commerciale. « Il est anormal que l’intérim de Jacques Kamenga [cadre du Parti lumumbiste unifié, le Palu, rallié à Joseph Kabila], nommé après l’éviction d’Ahmed Kalej Nkand pour « graves erreurs de gouvernance », s’éternise depuis août 2014, note un observateur à Lubumbashi.

Il aurait dû être remplacé depuis longtemps par un professionnel congolais expérimenté pouvant faire contrepoids au président du conseil d’administration, actuellement seul maître à bord. »

Par ailleurs, les conflits du puissant patron avec divers décideurs politiques entravent le développement de la Gécamines et le déblocage de crédits publics. Albert Yuma Mulimbi ne cesse de se heurter au Premier ministre, Matata Ponyo Mapon, qui juge sévèrement la gouvernance d’une compagnie sur laquelle il n’a pas prise du fait de la grande proximité du président de la Gécamines avec Kabila.

Dans un contexte politique tendu et alors que le secteur minier demeure malgré tout le moteur économique du pays, il semble peu probable que la dépolitisation de la compagnie soit à l’ordre du jour et que les responsables proches du pouvoir ou de l’opposition s’accordent sur la stratégie à suivre.


Jeune Afrique / MCN, via mediacongo.net
C’est vous qui le dites : 3 commentaires
8579 suivent la conversation

Faites connaissance avec votre « Code MediaCongo »

Le code à 7 caractères (précédé de « @ ») à côté du Nom est le Code MediaCongo de l’utilisateur. Par exemple « Jeanne243 @AB25CDF ». Ce code est unique à chaque utilisateur. Il permet de différencier les utilisateurs.

Poster un commentaire, réagir ?

Les commentaires et réactions sont postés librement, tout en respectant les conditions d’utilisation de la plateforme mediacongo.net. Vous pouvez cliquer sur 2 émojis au maximum.

Merci et excellente expérience sur mediacongo.net, première plateforme congolaise

MediaCongo – Support Utilisateurs


wiscot @9SPVV8Y   Message  - Publié le 03.10.2016 à 12:54
Qui vivra verra!

Réagir

Répondre
@
Insérez un émoji
myrene62@yahoo.fr @4SO127A   Message  - Publié le 03.10.2016 à 12:13
La Gécamines ne marchera jamais à cause de voleurs qui se succèdent au pouvoir, tout le monde sait que depuis Mobutu, en passant par Kabila père et jusqu'au petit Kabila, tous se sont servis de la Gécamines pour remplir leurs comptes en banque et enrichir leurs familles Les différents administrateurs qui s'y sont succédés, ayant compris ces manèges, se sont à leurs tours servis dans la même caisse pour se faire des magots Dans ces conditions comment voulez vous que cette société puisse prospérer ?. Il faut un pouvoir honnête et soucieux du bien être des industries congolaises et de la population, sans quoi, la chute se poursuivra, jusque' à sa ruine. dommage !!.

Réagir

Répondre
@
Insérez un émoji
Kubikonse @16IEUTT   Message  - Publié le 03.10.2016 à 12:03
Incapable de trouver 714 millions de dollars pour sa bouche, comment peut-il rassembler 2,65 milliards de dollars pour d’autres ? Vraiment insensé.

Réagir

Répondre
@
Insérez un émoji
right
Article suivant Nord-Kivu: la production du café a quadruplé en 5 ans
left
Article précédent Banque mondiale : le recul de la pauvreté mondiale menacé par les inégalités

Les plus commentés

Politique « j’ai toujours dit que je rêvais de faire de mon pays une sorte d’Allemagne d’Afrique » (Tshisekedi) !

01.05.2024, 35 commentaires

Politique Bombardement à Goma : le président Félix Tshisekedi interrompt sa tournée européenne

03.05.2024, 18 commentaires

Société Jeeps remises aux députés provinciaux de Kinshasa : "Ce n'est pas de la corruption, c'est de la motivation" (Augustin Kabuya)

02.05.2024, 17 commentaires

Politique Félix Tshisekedi rappelle, « Un journaliste n’est pas au-dessus des lois. Pareil pour le cardinal Fridolin Ambongo »

03.05.2024, 15 commentaires

Ont commenté cet article



Ils nous font confiance

Infos congo - Actualités Congo - confiance