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Infos congo - Actualités Congo - 08 Mars 2024
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Culture

L’auteur et comédien Criss Niangouna : « Le Congo est ma terre »

2016-09-29
29.09.2016
Société
2016-09-29
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« Costume ou demi-dakar ? », pièce écrite et interprétée par le Congolais Criss Niangouna et mise en scène par la Belge Laetitia Ajanohun, création aux Francophonies en Limousin.

Criss Niangouna nous raconte l’histoire d’un homme en délires. Dans « Costume ou demi-dakar ? », créé le 24 et 25 septembre aux Francophonies en Limousin, le comédien congolais et co-fondateur de la compagnie Les bruits de la Rue interprète, ici, sa première pièce écrite pour le théâtre. Plongé dans un décor reflétant toute la misère, les rêves et la créativité africaine, son texte fragmentaire grouille de métaphores et d’allégories. Une mine d’idées, mais pas toujours facile de s’y retrouver. Explications.

RFI : Quelle est la différence entre un costume et un demi-dakar ?

Criss Niangouna : La différence est très nette. « demi-dakar » est une expression née chez les sapeurs congolais [Sape = Société des ambianceurs et des personnes élégantes, ndlr]. Un costume, c’est un pantalon et une veste qui sont uniformes, le demi-dakar est tout le contraire. Attention, il y a une règle, tout doit être harmonieux : la chemise, la cravate, le pantalon, plus le blazer. Et quand tu mets une veste qui est dépareillée du pantalon, là, on est dans le demi-dakar. Le titre de la pièce est évidemment une métaphore pour dire que vous avez le choix : entre ceci et cela, entre se libérer et accepter d’attendre la mort, entre mourir et repousser à plus tard la mort de la vie.

Dans votre histoire, l’homme a un gros caillou dans la tête, il adore la sape et raconte une histoire à son fils.

Dans mon écriture, la sape est un alibi. Le fils est un deuxième alibi. J’ai voulu créer un personnage qui a le mal du pays. Et le pays lui fait mal. C’est un personnage qui aime sa terre sauf que celle-ci ne lui rend que de mauvaises choses. Moi, je viens du Congo. Même si la pièce est ouverte au-delà du Congo, le caillou est une métaphore pour la misère, pour les guerres civiles, les changements de Constitution à l'emporte-pièce. On parle de tous les maux et tous les vices de la démocratie africaine qui tuent la liberté.

D’où ce vélo pour handicapé à l’africaine qui se transforme pendant la pièce en une espèce de dragon volant qui n’arrive pas à décoller avec ses ailes siglées Air France.

Il veut partir, mais l’appel de la terre est plus fort que lui. Dans la vie, l’homme n’a pas d’ex-pays. On change de nationalité. Moi, j’ai une double nationalité. Je suis Congolais et je suis Français, mais je suis les deux. Je ne me pose pas la question à quel endroit je suis Français et à quel autre je suis Congolais. Jamais. L’appel de la terre est tellement profond. C’est cet endroit où le char [le vélo pour handicapé, ndlr] lui sert de cabane dans son délire. L’homme a un caillou dans la tête, mais ce caillou peut aussi être une balle de kalachnikov, l’étouffement du peuple, la misère, la guerre…

Son fils existe-t-il vraiment ?

N’ayant pas d’enfant, il se crée un fils virtuel pour lui léguer son testament, pour lui raconter son histoire : comment les prairies étaient vertes autrefois ; comment les vaches étaient grasses, et comment on est passé en période de vaches maigres. C’est la question de Costume ou demi-dakar. Comment a-t-on dégringolé 45 étages sans s'en rendre compte ?

Dans le spectacle règne une tension palpable entre l’Afrique et l’Europe, entre la sape et les sacs à main Louis Vuitton, entre ce rêve d’un dragon volant et ses ailes siglées Air France.

Les ailes sont siglées Air France, parce que nous sommes des colonies francophones. Moi, j’étais nourri à ça depuis tout gamin. Il y avait la France, l’ex-mère patrie colonisatrice et tout ça. Avec tout ce qui se passe en Afrique, le rêve de tout Africain francophone est d’aller en France. Mais ce rêve ne date pas d’aujourd’hui. On est toujours tenté par l’ailleurs lorsqu’on est étouffé. C’est pour cela que mon personnage se projette. Il parle de la Tour Eiffel, du Café de Flore, mais il n’est jamais parti à Paris et il ne décollera pas. Il se demande : « Cette terre est-ce ma terre ? Oui ? Alors, j’arrive. » Tout est métaphore, allégorie. Pour ne prendre que mon cas : j’habite à Paris depuis 16 ans, mais le Congo m’habite, c’est ma terre.

Après une année pleine de créations autour de Sony Labou Tansi pour commémorer les 20 ans de la disparition de ce géant congolais du théâtre, comment va le théâtre congolais ?

Le théâtre congolais se porte bien, mais dans un certain angle. C'est-à-dire, les acteurs sont là, les volontés sont là, les disponibilités sont là, mais il nous manque encore une prise de conscience de nos pouvoirs politiques qui considèrent la culture et le théâtre comme la dernière roue du carrosse. Les choses tiennent aujourd’hui par la volonté de quelques-uns entre nous. Quand je rentre au pays, j’anime encore des ateliers de théâtre quand on me permet de rentrer au pays, parce que depuis qu’on a pris position sur une certaine donne politique, par exemple par rapport au changement de la Constitution, c’est devenu un peu compliqué pour nous. Sinon, il y a des actions concrètes comme le Festival Mantsina sur scène, à Brazzaville, dirigé par mon frère [Dieudonné Niangouna, ndlr].

Les volontés sont là, sauf ces volontés sont bloquées. Aujourd’hui, tu ne joues pas le texte que tu veux à Brazzaville. On peut être frappé par la censure. A moins de jouer au Centre culturel français. J’ai des amis qui avaient écrit des textes sur les « disparus du Beach » [en 1999, des dizaines de personnes ayant fui la guerre civile au Congo, réfugiées en RDC, avaient disparu, ndlr], ils ont été convoqués à la DST. Et le texte, ils l’ont joué en France, pas à Brazzaville. Même pour le répéter, il fallait le répéter en cachette. Donc les volontés sont là, mais c’est tout un système qui bloque.

Siegfried Forster
RFI
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