Monde
Très attendu, le premier débat opposant la démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump, lundi soir, a donné lieu à des échanges houleux, les deux rivaux s'accusant mutuellement de ne pas avoir ce qu'il faut pour diriger les États-Unis. Si les Américains ont été aussi nombreux que prévu à s'être présentés au rendez-vous, ce sera le débat le plus regardé de l'histoire.
Pendant 90 minutes, les deux candidats, dont l'impopularité atteint des sommets jamais vus pour des aspirants à la Maison-Blanche, ont croisé le fer autour de trois grands thèmes : l'économie, la direction des États-Unis et la sécurité. Moment fort de la campagne présidentielle, ce premier débat se tenait à l'Université Hofstra, à Hempstead, dans l'État de New York, et était modéré par Lester Holt, du réseau NBC.
Mme Clinton a placé son rival sur la défensive à plusieurs reprises. Plus calme pendant la première partie du débat, Donald Trump a montré des signes d'irritation à plusieurs reprises, interrompant souvent son adversaire démocrate.
Interrogé sur les raisons l'ayant poussé à reconnaître que Barack Obama était né aux États-Unis après avoir remis en question pendant cinq ans son lieu de naissance, et ainsi sa légitimité, Donald Trump a vanté sa contribution sur cet enjeu. Il a affirmé que le président avait rendu public son certificat de naissance grâce à lui, ajoutant que c'est l'équipe de Hillary Clinton qui avait initié la controverse.
Une affirmation que sa rivale n'a pas laissé passer.
"[Donald Trump] a vraiment fondé son activité politique sur la base de ce mensonge raciste selon lequel notre premier président noir n'était pas un citoyen américain". Hillary Clinton
Le candidat républicain a aussi dû expliquer pourquoi il ne rendait pas publiques ses déclarations de revenus comme l'ont pourtant fait avant lui tous les candidats à la présidence des 40 dernières années.
Invoquant le contrôle fiscal dont il fait l'objet, il a affirmé qu'il le ferait lorsque ce serait terminé, à une condition.
"Je vais montrer mes déclarations de revenus, contre l'avis de mes avocats, dès qu'elle rendra publics les 33.000 courriels qu'elle a effacés". Donald Trump
Essayant de le faire sortir de ses gonds, sa rivale a répliqué qu'il avait « quelque chose à cacher », évoquant les hypothèses qu'il n'était « pas aussi riche » ou charitable qu'il le prétendait, ou qu'il devait peut-être des millions à des banques, comme certains l'ont rapporté.
À moins qu'il ne paie pas d'impôts, comme en font foi la poignée de déclarations de revenus rendues publiques au cours des dernières décennies, a-t-elle ajouté.
« Cela fait de moi quelqu'un d'intelligent », a-t-il répliqué.
À plusieurs reprises, Hillary Clinton a d'ailleurs contredit plusieurs des affirmations récurrentes dans le discours de M. Trump, appelant les auditeurs à consulter les vérifications de faits publiés sur son site Internet.
Quelques phrases clés de ce débat
UN MONDE A PART
Hillary Clinton : "Donald, je sais que vous vivez dans un monde à part, mais ces faits ne sont pas exacts".
(à propos de l'accord de libre-échange nord-américain Nafta)
CANULAR
Clinton : "Un pays va devenir le super-pouvoir des énergies propres du XXIe siècle. Donald pense que le changement climatique est un canular monté par les Chinois. Je pense que c'est très réel. [...] Il est important qu'on se saisisse de ce problème, tant chez nous qu'à l'étranger".
EMAILS CONTRE IMPOTS
Donald Trump : "Je vais montrer ma déclaration de revenus, contre l'avis de mes avocats, dès qu'elle rendra publics les 33.000 emails qu'elle a effacés".
Hillary Clinton : "Je n'ai aucune raison de croire qu'il ne rendra jamais publiques ses déclarations de revenus, parce qu'il a quelque chose à cacher".
PREPAREE
Clinton : "Je pense que Donald vient de me critiquer parce que j'ai préparé ce débat. Oui, je l'ai préparé. Et vous savez pour quoi d'autre je me suis préparée ? Je me suis préparée à devenir présidente. Et c'est une bonne chose".
MAINTIEN DE L'ORDRE
Trump : "On a besoin de maintien de l'ordre dans notre pays. [...] Dans nos villes des Noirs, des Hispaniques vivent en enfer parce que c'est dangereux. Vous marchez dans la rue, on vous tire dessus. [...] On a des gangs dans les rues, et dans beaucoup de cas ce sont des immigrés illégaux. Et ils ont des armes, ils tirent sur des gens. Nous devons être très forts, nous devons être vigilants. [...] A l'heure actuelle notre police, dans bien des cas, a peur de faire quoi que ce soit. On doit protéger nos centre-villes parce que les communautés noires sont décimées par le crime".
MENSONGE RACISTE
Clinton : "Il [Trump] a vraiment démarré son activité politique sur la base de ce mensonge raciste [selon lequel] notre premier président noir n'était pas un citoyen américain. Il n'y a absolument aucune preuve de cela [mais] il l'a répété, il l'a répété année après année".
CHAOS TOTAL
Trump : "Si vous regardez le Moyen-Orient, c'est le chaos total, dans une large mesure sous votre direction. [...] Vous parlez de l'EI, mais vous étiez là et vous étiez secrétaire d'Etat alors que le groupe n'en était qu'à ses balbutiements. Maintenant il est présent dans plus de 30 pays, et vous allez les arrêter ? Je ne le pense pas".
GENDARMES DU MONDE
Trump : "Je veux bien aider tous nos alliés, mais nous perdons des milliards et des milliards de dollars. Nous ne pouvons pas être les gendarmes du monde, nous ne pouvons pas protéger les pays partout dans le monde quand ils ne nous paient pas ce qu'il faut".
NE DITES RIEN A L'ENNEMI
Clinton : "Au moins j'ai un plan pour combattre l'EI".
Trump : "Non, non, vous dites à l'ennemi tout ce que vous voulez faire".
Clinton : "Non, ça n'est pas vrai"
Trump : "Vous dites à l'ennemi tout ce que vous voulez faire. Pas étonnant que vous ayez combattu l'EI pendant toute votre vie d'adulte".
ENERGIE
Trump : "Elle n'a pas l'énergie. [...] Pour être président de ce pays, vous avez besoin d'une énergie phénoménale. [...] Il y a tellement de choses différentes que vous devez être capables de faire, et je ne pense pas qu'Hillary a l'énergie".
Clinton : "Quand il aura voyagé dans 112 pays et négocié un accord de paix, un cessez-le-feu, la libération de dissidents [...] ou même qu'il aura passé 11 heures à témoigner devant une commission au Congrès, il pourra me parler d'énergie".
JE LA SOUTIENDRAI
Trump : "Je veux rendre sa grandeur à l'Amérique. Je serai capable de le faire et je ne pense pas qu'Hillary le pourra. Mais si elle gagne, je la soutiendrai totalement".
Les spectateurs avaient reçu la consigne de ne pas réagir. Cela faisait changement de la saison des primaires, lorsque les réponses des candidats étaient à l'occasion ponctués d'applaudissements ou même de huées.
Deux visions s'affrontent
Ce débat opposait une politicienne conventionnelle, qui a été secrétaire d'État et sénatrice de New York, à une vedette de la téléréalité qui a défié les normes politiques.
L'ancienne première dame avait participé à une douzaine de face-à-face au cours de sa carrière politique. Son rival, qui n'a jamais participé à un débat à deux, relevait pour sa part le défi d'une nouvelle dynamique.
Pendant les primaires, la dizaine de débats auxquels a participé le magnat de l'immobilier réunissaient de 4 à 10 candidats. Son équipe a d'ailleurs tenté de minimiser les attentes à son endroit au cours des dernières semaines.
Dénonçant un système « truqué », lui-même a soutenu qu'il serait traité injustement et a appelé à un débat « sans modérateur ». Il a aussi affirmé que le modérateur Lester Holt était un démocrate. Les médias américains ont toutefois rapporté que le journaliste était enregistré comme électeur républicain.
Les deux politiciens ont participé l'un après l'autre à un forum sur la sécurité nationale, tenu par le réseau NBC, au début du mois. Plusieurs commentateurs ont accusé l'animateur Matt Lauer de complaisance à l'endroit de Donald Trump.
Cette première joute oratoire se déroulait alors que les deux adversaires sont au coude-à-coude. Le plus récent sondage, mené pour Washington Post-ABC News, confère une légère avance à Hillary Clinton, à 46 % contre 44 % pour Trump.
Vers un nombre record de téléspectateurs
Très attendu, le débat pourrait avoir attiré un auditoire digne d'un Super Bowl. Les analystes prévoyaient jusqu'à 100 millions de téléspectateurs. C'est sans compter les internautes qui ont préféré le regarder sur des plateformes comme Facebook et Twitter, qui diffusaient aussi l'événement.
Il faut remonter à plusieurs décennies pour retrouver un tel engouement autour d'un débat présidentiel. Et encore, le débat de ce soir était susceptible de fracasser le record par beaucoup : en 1980, le républicain Ronald Reagan - un ancien acteur - et le président démocrate sortant, Jimmy Carter, avaient croisé le fer sous les yeux de 80 millions de téléspectateurs.
Le prochain débat, le 4 octobre, opposera les candidats démocrate et républicain à la vice-présidence, Tim Kaine et Mike Pence. Hillary Clinton et Donald Trump croiseront le fer à deux autres reprises, les 9 et 19 octobre prochains.
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Lors du premier débat opposant la démocrate Hillary Clinton et le républicain Donald Trump