MJ 2016: jeunes et catholiques sur les pas de Jean-Paul II

C'est le plus grand rassemblement de jeunes du monde. Les Journées Mondiales de la Jeunesse (JMJ) ont lieu cette année à Cracovie en Pologne. Elles vont accueillir un million et demi de catholiques de plus de 80 nationalités différentes. 35 000 Français ont fait le déplacement sur les terres du Pape Jean Paul II. Des jeunes au profil particulier, qui représentent une frange du catholicisme français.

Selon une enquête parue dans le magazine La Vie, la moyenne d’âge des participants est de 20 ans. Ces jeunes sont très insérés dans la communauté catholique : l’immense majorité a fréquenté une école privée catholique, est allée à l’aumônerie ou s’est enrôlé chez les scouts.

Ils sont aussi des chrétiens engagés : 62% d’entre eux vont à la messe chaque semaine, tous prient plus ou moins régulièrement, et huit sur dix exercent une activité au sein d’une association confessionnelle. « Aux JMJ, on a le noyau dur et jeune du catholicisme français » relève Jean François Barbier Bouvier, sociologue des religions et auteur de cette enquête.

La nouvelle génération : plus favorisée, plus à droite, plus traditionnelle

Ce qui l'a surpris, c'est que cette communauté a un profil socio-économique très homogène : « Ce sont les catégories favorisées ou éventuellement les classes moyennes qui dominent très largement. Pourtant, il existe un catholicisme fervent chez les classes populaires, très important notamment dans les communautés antillaises. Pourtant, ils sont peu présents aux JMJ ». En effet, seul 1 jeune sur 10 aux JMJ a un père employé ou ouvrier.

Selon Jean-François Barbier, cette sur-représentation des classes aisées n’est pas qu’un effet du coût que représente le voyage à Cracovie : 600 euros minimum. Il estime qu’il y a dans « ce côté 'tourisme religieux' une affinité élective avec les milieux favorisés plutôt qu’avec les milieux populaires.»

Autre enseignement de cette enquête : leurs tendances politiques. Exit « les cathos de gauche » qui ne représentent que 5% de ces jeunes, la grande majorité des JMJistes votent à droite. Un ratio disproportionné par rapport aux sensibilités de la population à l’échelle nationale.

Moins étonnant, sur le plan des valeurs, les jeunes pélerins sont très proches des positions de l’Eglise : contre l’avortement, contre l’euthanasie, et contre la gestation pour autrui. En revanche, même s’ils sont à plus de 60% en accord avec l’esprit de solidarité du pape François envers les migrants et les réfugiés, c’est la proposition institutionnelle qui recueille le moins d’adhésion.

Ces tendances étaient déjà présentes lors de la dernière enquête menée en 2011 pendant les JMJ de Madrid, « mais elles sont accentuées » constate Jean-François Barbier Bouvier. « Il y a un déplacement : ces jeunes sont encore plus cathos, encore plus militants religieux, encore plus à droite, encore plus cadre supérieur qu’il y a 5 ans… ». Il surnomme cette génération « les cathos ++ ».

D’un point de vue spirituel, ces jeunes déclarent que la foi n’est pas qu’un aspect de la vie parmi tant d’autres, mais tient une place centrale qui irrigue toute leur existence

C’est le cas d’Adélaïde Patrignani, 23 ans, qui participe aux JMJ pour la première fois. Catholique pratiquante, étudiante en école de commerce, elle a choisi de mettre ses connaissances au service de sa foi, en décrochant un stage à la Conférence des Evêques de France. « Le fait d’avoir une vie unifiée est très important pour moi. C’est-à-dire ne pas seulement aller à la messe le dimanche et point barre, mais faire en sorte que chaque moment dans ma vie me permette de diffuser ma foi autour de moi ».

L’héritage de Jean-Paul II

Pour elle, le fait d’être à Cracovie, sur les terres du Pape Jean Paul II est aussi une façon de renouer avec le fondateur des JMJ, celui qui a réussi à faire revenir la jeunesse vers l’Eglise à une époque où ils l’avaient désertée.

« Le fait d’être ici me permet de le redécouvrir, parce que j’ai connu Jean-Paul II quand j’étais petite et il était déjà âgé et malade. Là, on se rend compte de tout ce qu’il a pu vivre et de tout ce qu’il a pu faire pour la Pologne. Et puis, ajoute-t-elle, il a écrit des textes magnifiques pour les jeunes, des textes très précieux qui sont comme des bâtons qui nous guident. »

Aujourd’hui, le guide spirituel des catholiques est le Pape François. Un pape lui aussi très populaire auprès des jeunes qui a malgré ses différences de style un message assez proche de celui de Jean Paul II.

« Ce qui est très important dans l’unité spirituelle entre Jean Paul II et le pape François, c’est la miséricorde. » analyse Cyprien Viet, journaliste pour l’antenne francophone de Radio Vatican. « Jean-Paul II était issu d’un peuple humilié et blessé par l’histoire avec des gens qui encore aujourd’hui continuent à en vouloir aux Allemands et aux Russes. Et la grande doctrine de Jean-Paul II était le pardon : on doit chercher entre les différentes nations européennes ce qui nous unit plutôt que ce qui nous divise. Le Pape François ne vient pas du tout du même environnement mais il a aussi cette optique de la miséricorde, de parler aux gens qui sont blessés par la vie, les divorces, les suicides, le chômage… c’est ça les plaies contemporaines. Comme Jean-Paul II, le Pape François lance un appel pour qu’on se laisse toucher par la miséricorde du Seigneur. »

C’est donc dans cet esprit que des millions de jeunes vont se joindre au Pape François pour marcher sur un chemin de croix de 12 km, puis participer à une grande veillée à ciel ouvert avant de conclure cette semaine de festivités spirituelles par la gigantesque messe qui aura lieu ce dimanche.