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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Afrique

Soudan du Sud : tirs, peur et confusion à Juba

2016-07-11
11.07.2016 , Juba
2016-07-11
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http://www.mediacongo.net/dpics/filesmanager/actualite/2016_actu/juil/du_04_au_10/salva_kiir_riek_machar_16_001.jpg Juba-

De nouveaux tirs nourris ont retenti, dimanche 10 juillet à Juba, la capitale du Soudan du Sud, deux jours après de très violents combats entre l’armée sud-soudanaise et les ex-rebelles. Ces violences ont causé la mort de 272 personnes, dont 33 civils, selon un nouveau bilan donné dimanche par une source proche du ministère de la santé.

Vendredi, l’étincelle parfaite pour mettre le feu à Juba est apparue en fin d’après-midi, à la veille du cinquième anniversaire du pays neuf qui ne sait s’il existera encore l’an prochain. Des tirs ont retenti quelques heures après la mort de cinq soldats, dans des heurts entre partisans du président Salva Kiir et de l’ancien chef rebelle Riek Machar, devenu premier vice-président dans le cadre d’un processus de paix fragile.

Les premiers coups de feu ont été entendus aux alentours de la présidence sud-soudanaise, où, justement, le président, Salva Kiir, était en réunion avec ses deux vice-présidents, Riek Machar, et James Wani Igga. Quand des chars ont commencé à gronder sur le grand axe, les trois responsables ont dû se regarder avec perplexité. L’instant tant redouté était-il finalement arrivé ? La guerre était-elle en train de reprendre ? Qui était en train de tendre un piège à qui ? La mise en scène était parfaite pour que tout le monde perde la tête et se jette dans un conflit.

Les chars de sortie

Pour le chef de l’Etat, Riek Machar fait figure d’ennemi à domicile. Ce dernier a été d’abord son rival (il était alors, déjà, vice-président), puis, lors de l’éclatement d’une guerre civile en 2013, désigné comme homme à abattre, il s’est enfui de Juba et a pris la tête d’un soulèvement armé. Il n’a été de retour dans la capitale que le 29 avril, dans le cadre d’un plan de paix qui est, depuis plusieurs semaines, en train de s’effondrer à un rythme implacable.

C’est dans cette ambiance que les tirs ont éclaté, tout près de la présidence, à moins de deux cents mètres. A Juba, on sait que les soldats peuvent être nerveux, ivres, querelleurs. On ne sursaute pas à la première rafale. Mais quand les chars sont de sortie, et que la rue est à éviter sous peine de mort, l’heure est grave. Vendredi, tandis que la nuit tombe, les tirs, justement s’étendent. Personne, bien sûr, ne comprend rien, sauf les participants, dans la rue, qui semblent se répandre dans une partie de la ville, notamment près du grand camp des Nations unies, mais aussi à Gudele, Hai Amarat, Tompiny, Sherekat.

De mauvais souvenirs

Pour Riek Machara, ce début de soirée doit aussi faire surgir de très mauvais souvenirs. En décembre 2013, il n’avait sauvé sa peau que de justesse, lorsque des éléments de la garde présidentielle étaient venus l’assassiner en enfonçant son portail (alors voisin de la présidence) avec un char, et qu’il s’enfuyait par-derrière, parvenant à traverser le Nil, pour gagner la brousse, où il organisera, dans la plus grande impréparation, une rébellion.

En décembre 2013, il y a eu des massacres à Juba : des milliers de personnes ont été pourchassées parce qu’elles étaient de l’ethnie Nuer (celle de Riek Machar), violentées, tuées. Les assassins étaient essentiellement des soldats de l’ethnie dinka, fidèles au président Salva Kiir. La guerre a duré trente mois. Elle a été marquée par des violences terribles, des vengeances. A Bor, d’innocents Dinka ont subi la violence de soldats et miliciens Nuer. Une partie du pays a été ravagée, le long d’un axe montant depuis Juba vers les zones pétrolifères, essentiellement, vers les états du « Great Upper Nile » (Grand Haut Nil), vers le Nord et l’Est, mais épargnant de vastes régions. Aucun des camps, au bout du compte, n’est parvenu à l’emporter. Puis un processus de paix porté par la région a fini par pousser les ennemis à signer un accord de paix, resté chiffon de papier pendant huit mois, jusqu’au retour de Riek Machar à Juba.

Il n’y avait alors aucune raison de triompher, mais bien au contraire toutes les raisons de se méfier. D’abord, le Soudan du Sud est très abîmé. Son économie, ruinée. La faim menace partout. Aucune chance de reprendre la vie comme avant. Mais peut-être l’offre de la paix à Juba était-elle un piège des extrémistes. Lors des procédures complexes visant à l’installation de Riek Machar à Juba, on a aussi pu juger qu’une grande partie de chaque camp était divisée. Que ni Riek Machar, ni Salva Kiir, ne pouvaient prétendre commander aux partisans de la guerre à outrance. Des durs, de chaque côté réclamaient la vengeance, plus de violence, ou jouaient leur carte, lorgnant vers des terres à accaparer. Une partie des milices à caractère ethnique qui ont composé les troupes de la rébellion pendant quelques mois, sont tout simplement rétives à tout commandement centralisé.

Un bain de sang redouté

C’est dans ce contexte que les deux forces se sont installé à Juba en avril. Les forces loyalistes devaient être cantonnées pour leur plus grande part à l’extérieur de la ville. Mais tout est allé de travers, et ces derniers temps, on entravait de plus en plus la circulation des inspecteurs du mécanisme d’observation du cessez-le-feu. Vendredi soir, même les casques bleus ne peuvent pas sortir de leur camp. Un barrage leur interdit l’accès à la ville.

Les jours précédents, tout convergeait vers un nouveau drame. Les déclarations enflammées, assassinats et arrestations d’officiers, sur fond de conflits allumés dans plusieurs coins du pays. Si cette guerre redémarre, si les appels au calme lancés vendredi soir conjointement par Riek Machar et Salva Kiir ne sont pas entendus (à ce stade, ils n’avaient pas perdu la tête, mais la nuit, et les jours prochains, risquent d’être longs), il faut redouter un bain de sang.

Des miliciens ont été recrutés, armés vaille que vaille, certains avec de simples armes blanches. Ils patrouillaient dans les rues de Juba, vendredi soir, en même temps que de nombreuses forces armées de tous bords, chacun dans leur quartier, ou sur leurs positions. La veille, un groupe de soldats pro-Machar avait été tué, parce qu’ils refusaient de s’arrêter à un check-point de leurs adversaires.

Il avait été prévu que la fête nationale, le samedi 9 juillet, serait triste, mais pas au point de mettre le feu à la capitale. Comme il semble loin, le jour de l’accession à l’indépendance. C’était il y a cinq ans, on dansait dans les rues de Juba, dans une allégresse qui ne semblait jamais devoir s’épuiser.

Jean-Philippe Rémy
Le Monde
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