Monde
Les Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) et le gouvernement ont signé jeudi un accord d’armistice soldant un conflit qui a fait 260 000 morts, 45 000 disparus et 6,9 millions de déplacés. Fruit de trois ans et demi de négociations, ce cessez-le-feu est historique.
C’est la fin de la plus vieille guérilla occidentale
En 1964, quelques dizaines de paysans fuyant l’armée créent les Farc. Les raisons qui les ont poussés au maquis - iniquité rurale, répression - ont persisté et alimenté leurs rangs jusqu’à en faire, au début des années 2000 une armée de 17 500 combattants, capable d’attaquer des garnisons, des villages et de commettre des attentats à Bogotá. Depuis, une longue offensive a réduit leurs effectifs de moitié. Mais le racket et le trafic de drogue les gardaient à flot.
Les précédentes initiatives avaient fini dans le sang
Dans les années 80, les rebelles ont entamé une trêve et créé un parti, l’Union patriotique (UP). Mais 3 000 de leurs militants ont été assassinés, les guérilleros ont repris les attaques. Leur quartier général a été bombardé en 1991. Sept ans plus tard, de nouvelles négociations se sont résumées à trois ans de dialogue de sourds, permettant aux Farc de se renforcer et à l’armée de se moderniser grâce aux Etats-Unis. La rupture du dialogue marque, en février 2002, le début de l’année la plus meurtrière du conflit.
La guérilla de l’ELN pourrait imiter les Farc
L’Armée de libération nationale (ELN) est presque aussi vieille mais cinq fois moins puissante que les Farc. Ses porte-parole et ceux du gouvernement ont annoncé en mars l’ouverture formelle de négociations, qui n’ont toujours pas débuté. L’exemple des Farc pourrait accélérer le mouvement.
L’Etat pourrait démanteler les groupes paramilitaires
Officiellement démobilisées en 2006, ces milices anti-guérilla liées à la mafia de la drogue ont eu de nombreux rejetons, qui continuent à menacer et assassiner des militants de gauche. Les Farc, échaudées par l’expérience de l’UP, ont obtenu jeudi une protection pour leurs futurs démobilisés.
La gauche va peut-être enfin se faire une place dans l’opinion
Après des années de rapts et d’attentats, la cote d’amour des guérilleros ne dépassait pas les 2 % ou 3 %, et ce rejet s’est élargi à tout ce qui ressemblait à un sympathisant de gauche. Avec la disparition du «terrorisme» et l’espoir d’un affaiblissement de la menace paramilitaire, plusieurs dirigeants se prennent à rêver d’un front rassemblant les multiples chapelles survivantes, ex-guérilleros compris, pour conquérir un pouvoir que la gauche n’a jamais eu au niveau national.
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Le président colombien Juan Manuel Santos (g) et le chef suprême des Forces armées révolutionnaires de Colombie (Farc) Timoleon Jimenez (d) lors de la signature de l'accord de paix, le 23 juin 2016 à Cuba (© Adalberto Roque/AFP)