Religion
« Une ligne rouge qui va enflammer le Bahreïn et toute la région.» Ces mots du général Kacem Soleimani, puissant chef des opérations extérieures des Gardiens de la révolution iraniens, visaient clairement la dramatisation. Le petit royaume gouverné par une dynastie sunnite venait de franchir un pas de trop dans la répression de toute voix d’opposition dans la population chiite, qui représente 70% du million d’habitants du pays.
La mesure de déchéance de nationalité annoncée à l’encontre de l’ayatollah Issa Qassem, le plus haut dignitaire chiite du pays et prédicateur connu pour ses critiques contre le gouvernement, a des répercussions bien au-delà des frontières du petit Bahreïn. Reprochant au chef religieux de « diviser le pays et d’exacerber les sentiments sectaires », les autorités du Royaume l’accusent de servir « des intérêts étrangers », dans une allusion claire à l’Iran. Celui-ci dément s’ingérer dans les affaires de son voisin mais se dresse en défenseur des chiites, alerte la communauté internationale et multiplie les déclarations menaçantes.
« La flamme d’une révolution islamique »
Reprenant la mise en garde de Kacem Soleimani, qui a parlé d'« une sanglante intifada [insurrection] » contre le régime bahreïni, les Gardiens de la révolution iraniens ont évoqué « la flamme d’une révolution islamique» qui se prépare. L’Iran a également dénoncé « le silence assourdissant de l’ONU, des Etats-Unis et des pays occidentaux » face « à l’étendue des crimes et de l’oppression » de la dynastie au pouvoir à Manama. Washington a réagi en dénonçant vivement la déchéance de nationalité de cheikh Issa Qassem, tandis qu’un porte-parole de l’ONU à Genève a jugé « injustifiable » la décision des autorités bahreïnies.
L’affaire rappelle la crise entre l’Arabie Saoudite et l’Iran en janvier, qui avait abouti à la rupture des relations diplomatiques entre les deux pays. Elle avait été déclenchée par l’exécution par Riyad d’un opposant chiite saoudien qui a entraîné une attaque de l’ambassade d’Arabie Saoudite à Téhéran. Le dernier épisode du chef religieux au Bahreïn, petit royaume insulaire satellite de l’Arabie Saoudite, entre dans le cadre de la confrontation majeure entre les deux théocraties sunnite et chiite du Golfe.
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