Mines : le milliardaire Gertler reconnaît avoir consenti un prêt de $196 millions à la Gécamines

Le groupe Fleurette, le fonds d'investissement du milliardaire Israélien Dan Gertler, a reconnu avoir consenti en 2013 un prêt de $196 millions à la Gécamines afin que l’entreprise minière étatique puisse réaliser ce qu'elle nommait, l'année dernière, son «projet minier phare».

La Gécamines a utilisé le prêt pour redevenir propriétaire dans tous les droits des concessions minières inexploitées de Deziwa et Ecaille C, a révélé la Holding dans une réponse par mail à l’agence de Presse « Bloomberg ». Ces zones renferment environ 4,85 millions T. de cuivre et 401.900 T. de cobalt, ce qui les placent parmi les plus grands gisements de métaux en RDC, selon un calcul fait en mars 2009 par « Golder Associates Inc. », un cabinet de consultance basé à Atlanta (USA).

« Ce financement a permis à la Gécamines de reprendre l’entière propriété et le contrôle de l'un des plus grands gisements cuprifère découvert en RDC », affirmait  Fleurette. Le prêt - à court terme au taux d'intérêt de 6% - a été fait en Janvier 2013 par « African Dawn Finance Ltd », une société filiale du Groupe.

M. Gertler et la Gécamines ont été des partenaires dans plusieurs négociations que de nombreuses ONG anti-corruption – telles que Global Witness (basée à Londres) et l’Africa Progress Panel, de l’ancien Secrétaire Général de l’ONU, Kofi Annan – ont souvent dénoncées pour leur manque de transparence et d'équité.

Pour exemple, en 2011, l’entreprise étatique avait cédé à Dan Gertler ses participations dans les mines de Mutanda et de Kansuki (des projets miniers de Glencore-Xstrata Plc à Kolwezi au Katanga) à des prix inférieurs à ceux du marché, selon des estimations indépendantes faites de la carrière de Mutanda à l'époque. Ce qu’avait démenti M. Gertler qui affirmait avoir acheté ces parts à leur juste valeur.

Une autre affaire a concerné, toujours en 2011, la vente de la mine de Comide à la société Kazakh « Eurasian Natural Resources Corp, ENRC » qui avait même entrainé l’annulation d’un programme de prêt du Fonds monétaire international (FMI) à la RDC après le refus de la Gécamines de dévoiler les détails de cette opération. Malgré tout, M. Gertler se considère comme l'un des plus grands investisseurs en RD Congo, participant au développement d’un des pays les plus pauvres du monde.

Projet Phare

Deziwa est la concession "phare" de la Gécamines pour laquelle elle recherchait de fonds afin d’y lancer, de façon autonome, un projet de développement, avait déclaré à l’époque l’Administrateur Délégué, M. Ahmed Kalej Nkand, lors d’une interview à Lubumbashi. Il s’était, toutefois, réservé de divulguer le bienfaiteur qui avait avancé les fonds pour le rachat de parts de son ancien partenaire, « Copperbelt Minerals Ltd », qui détenait une participation de 68% dans « la Société Minière de Deziwa et Ecaille C Sprl », SOMIDEC.

« C’est une opération montée de manière solide afin de financer l'acquisition des concessions », avait-il dit.  

Avec une dette déjà estimée à $1 milliard en mai 2013, selon les documents propres de l'entreprise, la Gécamines avait du mal à trouver les $800 millions dont elle affirmait avoir besoin pour lancer la première phase de développement du projet Deziwa. Elle a aussi été incapable de financer une centrale à charbon de 500 mégawatts qu’elle prévoyait et qui était évaluée à $692 millions.

L’apogée des années 1980

Estimée à une production de 200.000 T/an de cuivre, la carrière de Deziwa devrait permettre à la Général des Carrières et des Mines de retrouver son apogée des années 1980 – lorsque sa production annuelle de métal était quasi d’un demi-million de tonnes. Selon l’Administrateur Délégué, après des années de mauvaise gestion et de guerres civiles, qui ont presque ruiné l'entreprise, la Gécamines a vu sa production progressée à 41.000 T. l'année dernière, et compte l’augmenter de 46% cette année.  

« Une Gécamines compétitive et en bonne santé [financière] suscitera plus d’intérêts et attirera d’avantage d’investissements» dans le secteur minier la RD Congo, affirmait la Holding de Gertler. «À cette fin, elle a besoin de financements et de soutien et, Fleurette est heureux d'avoir contribué à ce que la Gécamines ait pu trouver les fonds nécessaires. »  

En Février 2013, le PCA de la Gécamines, M. Albert Yuma, avait simplement mentionné à l’agence « Bloomberg » que c’était une «banque basée à Londres » qui avait accordé le prêt. D’après les révélations faites par le Groupe Fleurette, il s’agit au fait de la banque « Renaissance Capital Ltd », une banque d'investissement russe, contrôlée par le milliardaire Mikhaïl Prokhorov, qui possède effectivement des bureaux à Londres et qui est une filiale de la société « African Dawn Finances » ; compagnie créée en octobre 2012 dans les îles Caïmans, selon son registre du commerce.

Transparence  

« Nous contestons toute idée d’opacité autour de ce prêt et nous sommes plutôt heureux d’avoir été en mesure d’accorder ce financement », a affirmé le Groupe du milliardaire. 

L'année dernière, la Gécamines avait envisagé la vente de ses 20% de parts dans la plus grande concession minière de la RDC : Kamoto Copper Co (KCC), sa joint-venture de Kolwezi avec Glencore, afin de financer le développement de Deziwa.

Le Groupe Fleurette, qui a déjà des parts dans KCC à travers ses filiales, était l'acquéreur potentiel de la participation, selon les documents de la Gécamines. M. Nkand a déclaré qu’actuellement, la Gécamines n'envisageait plus la vente de ses actions KCC.

Le prêt consenti par Fleurette a été fait de manière « tout à fait indépendante du projet qu’avait la Gécamines de vendre ses participations dans KCC», a, de son coté, affirmé le Groupe.
D’après les divulgations faites par Fleurette, la Gécamines a utilisé ses participations minoritaires dans KCC et Metalkol, un projet des résidus de cuivre d’ENRC, comme garantie pour le prêt.

Source:
Bloomberg
https://www.bloomberg.com/news/2014-04-28/billionaire-gertler-loaned-gecamines-196-million-for-congo-mine.html
Traduit de l'anglais pour mediacongo.net par Davidson.