A Pékin, la Chine et les Etats-Unis dressent la liste de leurs divergences

Les deux rivaux se retrouvent pour leur dialogue straté­gique : acier, Corée du Nord, Taïwan, niveau du yuan. Les motifs de dispute ne manquent pas.

Les couteaux sont sortis. La Chine et les Etats-Unis se sont retrouvés, lundi, dans la capitale chinoise pour la huitième édition de leur dialogue économique et stratégique. Comme le veut ce genre d'exercice, les propos délivrés lors de l'ouverture des discussions se voulaient surtout diplomatiques : Xi Jinping a plaidé d'entrée pour que « la vaste région du Pacifique soit un espace de coopération et non pas de compétition ».

Le président chinois a toutefois souhaité que « les Etats-Unis et la Chine renforcent leur confiance réciproque ». De son côté, le secrétaire d'Etat américain John Kerry, accompagné de son homologue au Trésor Jacob Lew, lui a répondu : « C'est à nous, l'Amérique et la Chine, de faire en sorte d'être plus des partenaires que des rivaux. »

Sur le fond, l'heure est bien plus à la confrontation qu'à la bonne entente. Dès dimanche, John Kerry avait donné le ton à propos des ­contentieux territoriaux en mer de Chine du Sud. Depuis Oulan-Bator (Mongolie), le secrétaire d'Etat américain s'était emporté contre la militarisation de cette zone maritime où les chantiers d'infrastructures et les remblaiements opérés par Pékin provoquent la colère des riverains, le Vietnam, les Philippines, Brunei et la Malaisie. Les Etats-Unis comme la plupart des pays occidentaux veulent avant tout préserver la liberté de circulation dans cette zone où le trafic maritime est l'un des plus importants au monde.

La mer de Chine n'est pas la seule cause de tensions entre Pékin et Washington. Et ce dialogue bilatéral a toutes les raisons de se transformer en catalogue de récriminations : Corée du Nord, Taïwan, changement climatique, cybersécurité, terrorisme, droits de l'homme, niveau du yuan. Sur cette liste déjà longue vient s'ajouter un autre thème, celui des surcapacités d'acier, déjà dénoncé quinze jours plus tôt par le G7 .

Pékin avait vivement réagi, demandant aux membres du G7 de se concentrer sur les sujets de leur ressort. C'est dire si l'intervention de Jack Lew, le secrétaire américain au Trésor, exhortant Pékin à réduire les surcapacités de ses aciéries qui « faussent et nuisent » au marché mondial, a été perçue par Pékin comme une provocation.

Rivalité

Cette rivalité sino-américaine ne date pas d'hier. Historiquement, c'est bien parce que la présence des Etats-Unis aux frontières maritimes de la Chine (Corée du Sud, Japon, Taïwan) bloquait Pékin dans son expansion vers l'est que les autorités chinoises ont choisi de se développer vers l'Asie centrale et l'Afrique avec les « nouvelles routes de la soie ». Ce vaste plan comporte une dimension économique et commerciale mais offre également une projection de puissance à l'horizon 2050. En développant des routes ferroviaires et maritimes, Pékin entend s'assurer de nouveaux débouchés tout en sécurisant ses approvisionnements en matières premières.

Le Partenariat transpacifique (TPP,) conclu sous la houlette des Etats-Unis, est alimenté par le même esprit. Il est conclu entre douze pays (dont le Vietnam, l'Australie, la Nouvelle-Zélande, le Japon...) sans évidemment la Chine.