Affaire Me Guillaume Kahasha : la famille reste sereine jusqu’à l’aboutissement des enquêtes

Concernant l’assassinat de Me Guillaume Kahasha, sa famille attend sereinement l’aboutissement des enquêtes en cours. Elle est assurée de la justice de Dieu, et précise que l’assassinat de Guillaume a un passé, un présent et un avenir. Seul Dieu peut juger en vérité et en équité. C’est là la conviction de la famille éplorée, exprimée par le frère aîné Jean Kahasha, à l’occasion de la messe d’action de grâce.

Le vendredi 18 octobre 2013, une messe d’action de grâce a été célébrée à la paroisse du Sacré-Cœur de la Commune de la Gombe, à l’occasion du 40ème jour de l’assassinat de Me Guillaume Kahashsa, le regretté avocat du barreau de Kinshasa/Gombe. Dans son homélie, l’abbé officiant a prêché sur la foi en la résurrection.

A cette occasion, la parole a été accordée à Jean Kahasha, grand frère du disparu, qui a prononcé un mot de circonstance dont voici l’essentiel dans les lignes qui suivent.

La famille Kahasha a perdu depuis 40 jours dans des circonstances regrettables son fils Guillaume. C’était le dimanche 8 septembre 2013 aux premières heures du matin. Certes, mourir est le sort ultime de chacun de nous, car tel est le contrat de notre vie sur terre.

Mais, être froidement abattu devant la porte de la résidence de son père, après plus d’une heure d’attente vaine et cela en présence de ses deux frères, est un contexte délicat et particulier  qui conditionne le climat dans lequel Dieu nous a arraché Guillaume. Voilà pourquoi, à cause de notre et faible et difficile compréhension de ce drame, nous famille Kahasha, nous nous sommes tournés vers Dieu pour pleurer notre fils Guillaume et Implorer sa miséricorde pour le repos de son âme. En effet, c’est Dieu seul qui distribue ses grâces.

Bien aimés dans le Seigneur, vous tous ici présents, autant que la multitude absente dans cette église, vous nous avez accompagnés en partageant notre douleur et notre détresse. Nos remerciements vous sont acquis car nous avons apprécié l’écho que vous avez su donner à ce que vous tissez chaque jour avec chacun des membres de la famille Kahasha. Cet écho installe de notre part l’obligation de parfaire davantage nos relations, car nul ne peut récolter ce qu’il n’a pas semé. Nous remercions particulièrement ce jour, le révérend Père Crispin, curé de la paroisse du Sacré-Cœur, l’équipe sacerdotale qui célèbre cette messe d’action de grâce et comment ne pas les mentionner, les belles voix de la chorale qui nous a assistés.

Notre pensée de ce jour à l’honneur de notre fils Guillaume voudrait reconnaître avec déférence et respect les mérites de deux femmes, de deux grandes dames qui ont joué dans le parcours de Guillaume un rôle majeur, positif et déterminant. Il s’agit de maman Jeanne M’Chiruza et de maman Clara M’Bashibirira, respectivement mère et épouse de Guillaume.

La première, maman Jeanne M’Chiruza, aujourd’hui absente pour des raisons de santé, a pris soin de Guillaume depuis le 11 décembre 1968, date de sa naissance. Maman Jeanne M’Chiruza a veillé sur Guillaume, comme par ailleurs sur tous ses enfants, pour en faire un homme utile à la nation, pétri des valeurs chrétiennes, conscient de son identité et conscient de ses devoirs rattachés intimement à son éducation, à son instruction et à la volonté de notre famille.

La seconde, maman Clara M’Bashibira ici présente, fonde le 29 juin 1999 avec Guillaume ce foyer chaleureux, fécond et rayonnant. En effet, depuis plus de 14 ans, avec elle et toujours à ses côtés, Guillaume a traversé toutes les tempêtes, récoltant plusieurs palmes et devenant jour après jours pour notre famille un véritable baobab, grand et porteur d’espérance.

Au tribunal de paix de Ngaliema, le mardi 1er octobre 2013, soit 23 jours à peine après l’assassinat de Guillaume, nous avons vu maman Clara M’Bashibirira rester droite, debout et déterminée. Nous l’avons vue assister stoïquement et avec élégance au concert macabre des hyènes et des vautours qui réclamaient leur salut en invoquant plus de 50 fois pendant plus de 2 heures, l’argument malheureux suivant : « Me Guillaume Kahasha a été tué, Me Guillaume Kahasha est décédé, pourquoi ce procès de Me Guillaume Kahasha contre notre cliente doit-il continuer ? ». 

Nous avons reconnu là que Guillaume ne s’était pas trompé en choisissant maman Clara comme compagne unique de sa vie et comme gardienne avertie et aguerrie du temple. Nous sommes convaincus que la progéniture de Guillaume, deux jumeaux : Nicolas et Nan’si ; trois triplés : Guy Alexandre, Pacifique et Pascal ; et la cadette Nyota ya Feza, leurs six enfants sont entre de bonnes mains, entre des mains dignes et sûres.

Le sang de Guillaume, son martyr pour la famille Kahasha posent à nous tous, sans distinction, le problème de la répétition d’un tel drame parmi nous. De ce point de vue, aucune de nos familles n’est à l’abri. « Avant l’assassinat de Guillaume » n’est pas égal et ne sera jamais égal à « Après l’assassinat de Guillaume ». Il s’agit d’un tournant fondamental, incontestable, et fondateur pour la famille Kahasha. La famille Kahasha a de nouveaux repères depuis le dimanche 8 septembre 2013. Vous le dire aujourd’hui et ici est notre devoir par honnêteté, par sincérité, par loyauté et par transparence.

Tel que Guillaume nous l’enseigne, nous terminons notre propos en prenant devant vous l’engagement d’aller toujours ensemble de l’avant dans la vérité, dans l’équité et dans la justice. Guillaume demeure.