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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Au Bangladesh, l’arsenic empoisonne toujours les habitants

2016-04-07
07.04.2016 , Bangladesh
2016-04-07
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Depuis les années 90, les effets néfastes de l'empoisonnement à l'arsenic sont connus et flagrants mais... pas toujours pas d'action. Ici, un Bangladais montre ses mains empoisonnées, couvertes de taches. (Photo Reuters)

Une grande partie des puits auxquels s'abreuvent les Bangalais sont contaminés par l'arsenic. Une pollution découverte dès 1993, mais peu de choses ont changé depuis, selon Human Rights Watch. L'association estime à 43.000 le nombre annuel de décès dus à cette pollution connue depuis les années 90.

Khobor a vu apparaître récemment des taches brunes sur sa poitrine et ses pieds. Cet agriculteur bangladais d’une trentaine d’années soupçonne l’arsenic présent dans l’eau du puits familial d’être à l’origine de ses maux. Khobor, qui vit avec sa femme et ses trois enfants dans un village rural au centre du Bangladesh, a déjà perdu ses parents il y a quelques années. Tous deux présentaient des taches similaires sur le corps. Il le sait : « Cette eau peut nous tuer. »

125.000 puits analysés

Pour rédiger ce rapport intitulé «Népotisme et négligence: l'incapacité à répondre au problème de l'arsenic dans l'eau potable des zones rurales pauvres du Bengladesh», l'ONG a enquêté entre juin et septembre dernier. 134 personnes ont été consultées et 125.000 puits analysés. Tous ces puits ont été installés par les autorités gouvernementales entre 2006 et 2012. 5% de ces nouveaux puits étaient contaminés à l'arsenic.

L'arsenic est un métal présent à l'état naturel dans l'Himalaya. Les sédiments des fleuves et des rivières en Chine et en Inde, comme le Gange ou le Brahmapoutre, en contiennent. Mais pour que l'arsenic se dissolve dans l'eau il faut des conditions particulières. Le carbone contenu dans les éléments organiques est un élément facilitateur de cette dissolution.

Un drame sanitaire ignoré

Une femme puisant de l'eau contaminée près de Dacca, au Bangladesh, mars 2015 (© Munir Uz Zaman/AFP)

Au Bangladesh, deux facteurs facilitent la contamination des eaux que les habitants consomment: le creusement de bassins artificiels au fond desquels s'accumulent des matières organiques. Celles-ci libèrent le carbone qui facilite la dissolution de l'arsenic dans les eaux peu profondes. Le second est la faible profondeur des puits.

Ces puits peu profond ont été creusés dans les années 1960 pour lutter contre les épidémies de choléra et augmenter la production de riz dont ce pays surpeuplé avait terriblement besoin. Des millions de puits ont été creusés avec l'aide des ONG, ce qui a permis d'augmenter les rendements des rizières. Quand le problème de la contamination des puits a été découvert en 1993, la recommandation a été de creuser des puits à plus de 50 mètres de profondeur, ce qui a, évidemment, un coût supérieur aux puits habituellement creusés dans le pays à 30 mètres de profondeur.

Au total, 43.000 personnes meurent chaque année au Bangladesh des suites de maladies provoquées par cet élément chimique toxique. Diabètes, cancers, maladies cardiovasculaires et pulmonaires… La liste des pathologies causées par une exposition chronique à l’arsenic est longue. Les premiers symptômes visibles sont des lésions cutanées, même si la majorité des malades n’en développent pas.

Or selon Human Rights Watch, le système de santé bangladais ignore largement les effets néfastes de l’arsenic sur la santé. Beaucoup de patients ne reçoivent aucun soin, bénéficiant, au mieux, de vitamines et de pommades en guise de traitement. « En ce qui concerne les problèmes liés à l’arsenic, ils nous disent généralement "nous n’avons rien pour votre maladie" », témoigne Nouka, une Bangladaise interrogée par l’ONG présentant des taches noires sur plusieurs parties de son corps.

L’échec du gouvernement

Pourtant, à l’image de Khobor ou de Nouka, 20 millions de Bangladais, principalement des ruraux, continuent de boire cette eau contenant de l’arsenic à un taux supérieur au standard du gouvernement, lui-même supérieur à celui préconisé par l’OMS (50 microgrammes par litre contre 10 mg/l). Ils n’ont guère le choix. L’eau du puits de Khobor contient autour de 250 microgrammes d’arsenic par litre, et aucun nouveau puits gouvernemental n’a été construit dans son village.

Si ce problème est connu depuis plus de vingt ans par les autorités du pays et les ONG, les efforts pour le résoudre ont considérablement diminué depuis 2006. Le rapport pointe plusieurs manquements. Le gouvernement ne ciblerait pas les zones où le risque de contamination à l’arsenic est le plus élevé et ne contrôlerait pas non plus la qualité des projets pour atténuer l’exposition à l’arsenic. 5% des nouveaux puits gouvernementaux analysés par Human Rights Watch seraient ainsi contaminés.

Selon Richard Pearhouse, rédacteur du rapport, « le Bangladesh ne prend pas de mesures de base évidentes pour soutirer l'arsenic de l'eau potable de millions de pauvres villageois ».

La corruption s’en mêle

Pire, Human Rights Watch relève que certains politiciens nationaux et locaux se livrent à un détournement généralisé des installations d’eau potable pour leurs partisans politiques et alliés, au détriment des villageois qui en ont le plus besoin. L’ONG interpelle aussi les donateurs internationaux. La Banque mondiale, qui a financé l’installation de 13 000 puits ruraux entre 2004 et 2010, devrait, selon l’ONG, vérifier si leurs puits sont contaminés et le cas échéant, les remplacer. « Les puits contaminés du gouvernement ont un besoin urgent d’être remplacés avant que les gens ne perdent le peu de foi qu’ils ont encore dans l’engagement du gouvernement à fournir une eau saine », conclut Richard Pearshouse, l’auteur du rapport. Un engagement qui remonte aux années 90.

Estelle Pattée
Le Nouvel Observateur / Le Figaro
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