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Depuis dimanche 3 avril et durant toute la semaine, un consortium de journalistes internationaux dévoile les résultats de neuf mois d'enquête sur les "Panama Papers". Il s’agit de plus de 11 millions de documents émanant de Mossack Fonseca, une firme panaméenne chargée de créer et domicilier des sociétés basées dans des paradis fiscaux. Entre 1977 et 2015, ce sont plus de 214.000 entités offshore qui ont été créées ou administrées par la seule Mossack Fonseca, dans 21 paradis fiscaux différents et pour des clients de plus de 200 pays. Certains responsables africains figurent parmi ces derniers.
Une enquête réalisée par Le Monde et une centaine de journaux a révélé dimanche la participation de chefs d'État, de milliardaires et de sportifs à un système d'évasion fiscale international bâti autour de la firme Mossack Fonseca basée au Panama.
Une énorme enquête réalisée par plus de 100 journaux sur quelque 11,5 millions de documents a révélé dimanche 3 avril des avoirs dans les paradis fiscaux de 140 responsables politiques ou personnalités de premier plan, parmi lesquels le cercle rapproché du président russe Vladimir Poutine, et les footballeurs Michel Platini et Lionel Messi.
Des sociétés liées à la famille du président chinois Xi Jinping, qui affiche volontiers sa détermination à combattre la corruption, apparaissent également dans les documents examinés par les journalistes. Le nom du président ukrainien Petro Porochenko ou encore celui du père aujourd'hui décédé de l'actuel Premier ministre britannique David Cameron apparaissent également dans cette affaire.
Ces documents, regroupés sous la dénomination "Panama papers" proviennent tous du cabinet d'avocats Mossack Fonseca, "un des champions mondiaux de la domiciliation de sociétés écrans dans les juridictions offshores" d'après le quotidien "Le Monde" qui a enquêté sur l'affaire. La firme est domiciliée au Panama, considéré comme une plaque tournante du blanchiment d'argent.
Le directeur et fondateur de la société Ramon Fonseca a estimé lundi 4 avril que ces fuites constituaient "un crime", une "attaque" contre le Panama. "Nous pensons qu'il y a une campagne internationale contre le droit au secret", a-t-il dit. "Le secret est un droit humain sacré mais il y a des gens qui ne le comprennent pas. Nous croyons au secret et continuerons à œuvrer pour qu'il soit protégé juridiquement."
Un an de travail d’investigation
Les documents de la firme ont d'abord été obtenus par le quotidien allemand "Süddeutsche Zeitung". Toutefois, la manière dont ces informations ont filtré n'est pas connue. Le Consortium international des journalistes d'investigation (ICIJ) a ensuite réparti le travail d'exploitation, qui a duré environ un an, entre les publications membres. L'ICIJ précise sur son site internet que 370 journalistes de plus de 70 pays y ont participé.
Plus de 214 000 entités offshore sont impliquées dans les opérations financières dans plus de 200 pays et territoires à travers le monde, selon elle. Parmi les personnalités mentionnées dans les millions de documents figure notamment un cercle rapproché de personnalités autour du président russe Vladimir Poutine. Des associés de Vladimir Poutine auraient détourné jusqu'à 2 milliards de dollars avec l'aide de banques et de sociétés écran, effectuant des virements pouvant atteindre 200 millions de dollars en une seule fois, selon l'ICIJ.
Le quotidien "Le Monde" détaille notamment le rôle joué par le violoncelliste professionnel Sergueï Roldouguine, parrain de la fille Maria du président russe. Sept sociétés basées dans des paradis fiscaux lui sont liées, toutes indirectement gérées par la banque Bank Rossia, un cabinet d'avocats en Suisse servant de paravent. "Des associés de Poutine ont falsifié des paiements, antidaté des documents et obtenu de l'influence occulte auprès des médias et de l'industrie automobile russes", détaille le consortium sur son site internet.
"Plus grand coup contre les paradis fiscaux"
"Les documents montrent que les banques, les cabinets d'avocats et autres acteurs opérant dans les paradis fiscaux oublient souvent leur obligation légale de vérifier que leurs clients ne sont pas impliqués dans des entreprises criminelles", affirme l'ICIJ. "Cette fuite sera probablement le plus grand coup jamais porté aux paradis fiscaux à cause de l'étendue des documents" recueillis, estime Gérard Rylé, le directeur de l'ICIJ cité par la BBC.
Ces révélations rappellent celles de Wikileaks, site spécialisé dans la diffusion de documents secrets créé en 2006, qui s'est attiré les foudres de nombreux pays, États-Unis en tête. Il a fait scandale en publiant notamment des rapports sur des cas de torture par les forces irakiennes, sur lesquels les Américains auraient fermé les yeux, ou encore sur la prison américaine de Guantanamo.
"La plus grande fuite de l'histoire du journalisme vient de voir le jour, et elle concerne la corruption", a commenté de son côté Edward Snowden, principal lanceur d'alerte sur les activités du renseignement américain.
Aucun chef d’État africain en exercice
Des responsables africains et de la RDC sont également cités, même si aucun chef d’État en exercice ne l’est personnellement. Seul l’ancien président soudanais, Amad Ali al-Mirghani, décédé en 2008, détenait des avoirs dans un paradis fiscal.
Les journalistes soulignent qu'il existe des utilisations légitimes des sociétés offshore, même si ce type d'entité est l'un des outils privilégiés pour l'évasion fiscale. Légitimes ou non, l'existence de ces sociétés et des fonds qui leurs sont associés risque de faire couler beaucoup d'encre, notamment en cette année électorale pour la République démocratique du Congo ou en Afrique du Sud, où le président Zuma fait actuellement face à une procédure de destitution.
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