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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 02 mai 2024
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Politique

RDC: l'enjeu des élections de 2016, c'est un test d'alternance du pouvoir

2016-02-20
20.02.2016 , Kinshasa
2016-02-20
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http://www.mediacongo.net/dpics/filesmanager/actualite/2016/kabila-onu.jpg Kinshasa-

Manœuvres politiques, incertitudes économiques et sociales, environnement de conflit : le chemin menant à l'élection présidentielle est plein de périls. Illustration.

Un aéroport international flambant neuf, de nouvelles routes et bus, des bâtiments administratifs tout juste achevés, dont « La Royale », la jeune cité administrative qui réunit les ministères stratégiques... « Et voici la République de la Gombe », ironise un opérateur économique Kinois. Allusion aux propos de l'ambassadeur de France, Luc Hallade, sur le départ, qui lors de son dernier discours du 14 juillet n'a pas hésité à fustiger l'élite congolaise. « L'élite politique semble continuer à penser que la politique de ce grand pays se joue, se fait et se défait dans un cercle et un périmètre restreints, comme si au sein du vaste Congo, la République de la Gombe devait décider du sort et du destin du peuple congolais tout entier. Il faut savoir quitter le pouvoir comme il faut savoir quitter ses fonctions, aussi intéressantes et prestigieuses soient-elles. »

Une déclaration qui fait écho à la volonté, supposée, de l'actuel chef de l'État de briguer un troisième mandat. Si, après les émeutes de janvier 2015, alors que le pouvoir tentait un coup de force en modifiant la loi électorale, Kabila semblait avoir reculé, le projet de loi ayant été abandonné, son discours de fin d'année sème à nouveau le doute quant à ses intentions. « Ce n'est pas par la violence que nous réglerons nos divergences. Ce n'est pas non plus des Nations unies, de l'Orient ou de l'Occident que viendront les solutions à nos problèmes. Mais plutôt de nous-mêmes, et par le dialogue entre des Congolaises et des Congolais, mus par la fibre patriotique, et inspirés par l'appel à l'autodétermination et à l'auto-prise en charge, toujours d'actualité, de nos deux héros nationaux, Patrice Émery Lumumba et M'zee Laurent Désiré Kabila. »

Bras de fer entre le pouvoir en place et l'opposition

Les commémorations de la mort des héros nationaux, les 16 et 17 janvier dernier, ont ainsi donné lieu à une démonstration de force orchestrée par le régime de Kabila. Paradant dans les artères principales de la capitale, entouré de ses fidèles, il a été est acclamé par une foule de Kinois, des jeunes notamment. « C'est de la pure mise en scène », dénonce un proche de l'opposition. «  Joseph Kabila fait traîner les choses, il prétend qu'il n'a pas d'argent pour organiser les élections pour rester plus longtemps au pouvoir, mais ça ne marchera pas. Les Congolais sont déterminés à le faire partir. Quitte à le faire dans la violence. »

Une opposition, réunie au sein du Front citoyen, qui a elle aussi révélé ses capacités de mobilisation, en organisant « une journée ville morte » le 16 février, pour honorer la mémoire des chrétiens tués en 1992, réprimée dans le sang par le régime de Mobutu, et a réclamé au passage la tenue des élections dans les délais prévus par la Constitution. Une manifestation test, au départ prévue par l'Église catholique, très impliquée dans le débat politique et qui s'est publiquement exprimée contre le maintien au pouvoir de Joseph Kabila, mais qu'elle a finalement annulée par crainte de récupération politique.

Largement suivie à Kinshasa, où la population est restée à domicile tandis que les écoles et commerces ont gardé leurs portes closes, dans les autres grandes villes du pays, le bilan est mitigé, même si aucune violence n'a été constatée en dépit d'une dizaine d'arrestations selon la presse locale. « Un succès, pour Joseph Olenghankoy, coordonnateur de la Dynamique de l'opposition, Zéro faute au peuple congolais ! » « Un échec cinglant », pour André Alain Atundu, porte-parole de la Majorité présidentielle.

Un face-à-face qui traduit l'enlisement du processus de dialogue politique, convoqué par le chef de l'État. Plusieurs opposants ayant décliné l'invitation, n'y voyant qu'un stratagème du pouvoir en place. Y compris pour le G7, un regroupement de sept partis de la Majorité présidentielle (MP) passés dans le camp adverse. « Le dialogue est une trahison », fustige le très influent Moïse Katumbi, l'ancien gouverneur du Katanga, ancien allié de Kabila aujourd'hui parmi les frondeurs, qui en appelle à l'organisation de primaires pour désigner un candidat unique de l'opposition pour la présidentielle. Un rôle qu'il aimerait jouer…, mais il n'est pas le seul.

Le découpage administratif de la discorde

En attendant, alors que les mandats des députés nationaux et du président de la République prennent fin en novembre 2016, le calendrier électoral n'a toujours pas été fixé. Le pouvoir évoque la révision du fichier électoral et notamment le manque de moyens pour financer l'organisation du scrutin.

« Ils prétendent ne pas avoir d'argent pour les élections, par contre, ils précipitent le découpage administratif dont le coût a été évalué à un milliard de dollars USD ! » poursuit notre source proche de l'opposition. C'est un fait, même si la décentralisation était prévue dans la Constitution de 2006, la RD Congo compte 26 provinces, soit 21 nouvelles, son application l'été dernier est pour beaucoup précipitée. « Le découpage a été décidé à la va-vite sans en préparer les modalités. À la fois sur le plan des compétences humaines, et sur les plans financier, technique et logistique. On va vers un véritable casse-tête... » craint un agent de la fonction publique.

« Je ne comprends pas ceux qui critiquent le découpage, rétorque un conseiller à la Primature. Ils réclamaient plus de décentralisation depuis des années, aujourd'hui qu'on le fait, on nous critique. C'est la période qui veut ça : en période préélectorale, tout ce que fait le gouvernement est mal... Mais les résultats sont là, tangibles, la RDC est un géant qui se réveille. Lentement, mais sûrement. »

Un géant qui se relève difficilement

En effet, après les désastres de la politique de Zaïrianisation de l'ère Mobutu, les pillages, des années de conflits armés au Nord Kivu, le tout sur fond de crise économique et de récession, le géant congolais, un pays de plus de 2 345 000 km2, composé de plus 70 millions d'âmes appartenant à plus de 400 ethnies, se relève difficilement. Même si son économie affiche des performances records, un taux de croissance au-dessus de la moyenne continentale depuis une décennie, 7,7 % en 2015 malgré l'impact de la chute des cours des matières premières, dont elle reste fortement dépendante ; un cadre macroéconomique au vert… mais qui ne se matérialise par encore suffisamment sur le quotidien des Congolais.

Selon le dernier rapport du FMI, 87,7 % d'entre eux vivraient en dessous du seuil de pauvreté. « Le pays reste l'un des plus pauvres du monde, malgré l'immense richesse de son sous-sol. » Et de pointer une économie encore trop peu diversifiée, marquée par une dépendance trop importante aux activités d'extractions minières, un taux de chômage et de sous-emploi parmi les plus élevés du continent, particulièrement chez les jeunes, ainsi qu'un climat des affaires « très incertain », en raison du contexte électoral, et peu favorable à l'investissement privé en RDC.

« Lorsque le taux de chômage baisse, passant de 60 à 40 %, qu'est-ce que cela veut dire ? »

« C'est une croissance qui profite à la population, rétorque le Premier ministre, Augustin Matata Ponyo, l'homme qui a mis au vert l'économie de la RDC, à coup de politique monétaire et budgétaire drastique, de réformes courageuses et en verrouillant les robinets de la kleptocratie locale, ce qui n'aura pas été du goût de tous. Lorsque le taux de chômage baisse, passant de 60 à 40 %, qu'est-ce que cela veut dire ? Ça veut dire qu'il y a une bonne partie de la population active qui a trouvé de l'emploi. En résumé, la croissance économique de la RDC profite à la population, même s'il y a encore beaucoup à faire. »

Ce qu'il admet volontiers, tout en soulignant que la RDC - qui occupait la 187e place en 2011- vient de réaliser un bond en une année de 11 points, en se plaçant à la 176e position de l'IDH, dans le dernier rapport du Programme des Nations unies pour le développement (PNUD). « Sans le FMI et la Banque mondiale ! » insiste le Premier ministre, alors que le FMI a suspendu en 2012 une ligne de crédit accordée à la RD Congo en raison du manque de transparence dans le secteur minier, la société nationale la Gécamines en particulier, depuis en cours de restructuration.

« L'enjeu des élections de 2016, c'est un test d'alternance du pouvoir »

« Les négociations ont repris avec le FMI, qui reconnaît nos efforts, indique une source proche du Premier ministre, ajoutant, ce n'est pas la première fois que des élections ont lieu en RDC. En 2006 et en 2011, les opérateurs politiques et économiques ont créé des psychoses similaires. Chaque fois, on dit que ça va mal se passer, mais chaque fois la tension baisse d'un cran. Il ne faut pas dramatiser la tension. L'enjeu des élections de 2016, c'est un test d'alternance du pouvoir. Ce qui fait qu'il y a beaucoup d'opportunistes. La communauté internationale a beaucoup investi pour la paix en RDC, avant de lui faire confiance et de mobiliser ces fonds pour d'autres pays moins stables aujourd'hui. Et la croissance économique va profiter aux pays limitrophes, ce qui est un gage de stabilité pour une vingtaine de pays ! Donc on ne permettra à aucun acteur politique le moindre dérapage ! »

Reste que le secrétaire général des Nations unies, Ban Ki-moon, tout en annonçant le retrait graduel des forces de la Monusco, dans un rapport daté du 24 décembre et publié le 5 janvier, s'est dit « profondément troublé par la montée des tensions politiques dans le contexte du processus électoral, par l'augmentation du nombre d'incidents en matière de sécurité et par les violations des droits de l'homme qui risquent de déboucher sur des troubles civils et des violences généralisées si des mesures ne sont pas prises pour apaiser les tensions. » Et d'exhorter Joseph Kabila « à multiplier les contacts avec les parties prenantes, toutes formations politiques confondues, et à engager un dialogue national visant à instaurer un consensus sur le processus électoral en cours. » « En sommes, réglez vos comptes entre vous et débrouillez-vous », résume un jeune entrepreneur congolais.

En attendant, la vie semble avoir repris son cours le 17 février et les Kinois leurs activités, dans un climat d'inquiétude… et de lassitude.

Dounia Ben Mohamed
ANA/Le Point
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