Culture
A la « grande barrière », qui marque la frontière entre le Rwanda et la province du Nord-Kivu, les douaniers n’en croient pas leurs yeux. Ils voient passer de hauts tambours venus du Burundi, soigneusement enveloppés dans des draps blancs, des koras du Mali dans leurs housses noires, des baffles, des synthétiseurs, des guitares, des jeunes aux coiffures rastas tandis qu’à quelques mètres de là, du côté de l’hôtel Ihusi, le grand Werrason, tout juste arrivé de Kinshasa, draine les foules qui saluent « Werra » et trépignent de joie. D’ici quelques heures, dès vendredi après midi, le festival Amani (paix en swahili) ébranlera Goma : dans l’enceinte du collège Mwanga, tout est prêt. Des bouteilles multicolores qui serviront de guirlandes, les deux podiums pour lesquels, en toute hâte il a fallu commander de nouvelles bâches en Ouganda car les premières … ne laissaient pas passer le son. Les tickets d’entrée sont imprimés et commencent à être vendus (un dollar par jour, très peu à l’échelle européenne, le salaire d’une journée pour la plupart des habitants…), et n’en déplaise à l’évêché qui prête le terrain, les affiches des sponsors vantant les bières locales, la Primus omniprésente et les cigarettes, sont haut dressées.
Dominant le branle bas de combat de sa haute silhouette, le Belge Eric de Lamotte, qui eut l’idée de ce festival voici trois ans, alors que le Nord Kivu était encore plongé dans la guerre et Goma envahie par les déplacés, assure que tout est en place et qu’il y aura même des innovations : « en plus du « village humanitaire » qui draine un nombre croissant d’ONG, nous voulons donner des perspectives de travail aux jeunes, et lançons un « salon de l’entrepreneuriat ». S’y retrouveront tous ceux qui veulent se lancer dans de nouvelles entreprises, tous ceux qui pourraient trouver intérêt à les financer. A l’occasion du festival, nous avons rencontré les banquiers de la place pour les convaincre de créer un « fonds de garantie » qui permettra de soutenir des « start ups » lancées par des jeunes… »
Car Amani, c’est avant tout un incroyable melting pot, qui brasse des Congolais venus de toutes les régions de l’Est et même de Kinshasa, des Burundais, des Rwandais, et plus de 150 jeunes Belges, des bénévoles recrutés par le charismatique Eric de Lamotte pour monter ce festival qui repose sur un mélange de professionnalisme et d’enthousiasme.
Le cœur du festival, c’est le centre culturel des jeunes de Goma. En temps ordinaire, on y découvre une bibliothèque, une salle dotée de connections Internet, un terrain de basket, des cours de danse et de musique (dont les animateurs, soutenus par WBI, ont pu se former en Belgique…). Ce sont ces jeunes là, habitués du centre, qui sont aujourd’hui la cheville ouvrière de l’évènement : les basketteurs baraqués comme des armoires à glace assurent le service d’ordre, Guillaume, Belami Paluku, Jean-Claude Wenga et des dizaines d’autres sont au four et au moulin,.. Amani, c’est leur fête, et cette troisième édition est la preuve d’une sorte de pérennisation de l’évènement : la première tentative, en 2013, a été annulée car des bombes tombaient sur la ville, la première édition eut lieu en février 2014 alors que les canons venaient de se taire et que les déplacés se comptaient encore par dizaines de milliers, la deuxième version, en 2015, draina plus de 30.000 personnes dans l’enceinte du collège et la quatrième, édition, qui accueillera le grand artiste sénégalais Ibrahim Lo, Werrason la star de Kinshasa mais surtout des dizaines de rappeurs, danseurs, tambourinaires, reggaemen, qui ont déjà commencé à faire le tour des quartiers de Goma, juchés sur des camions multicolores et suivis par des nuées de gamins : dans les quartiers populaires de Katoyi, de Birere, où la musique fait danser la poussière, la fête a déjà commencé…
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