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Infos congo - Actualités Congo - Premier-BET - 08 avril 2024
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Electricité: avec le barrage de la Renaissance sur le Nil Bleu, l’Ethiopie espère produire 53 millions MWh/an d'ici 2025

2016-02-06
06.02.2016 , Ethiopie
2016-02-06
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http://www.mediacongo.net/dpics/filesmanager/actualite/2016/Ethiopie_Centrale_hydroelectrique_Tana_Beles.jpg Ethiopie-

La centrale hydroélectrique de Tana-Beles, construite près du lac, à 330 mètres sous terre, est en activité depuis 2012.

Au bout de sept ans de privations, le pharaon Djoser demanda au vizir Imhotep pourquoi, depuis tout ce temps, il n’y avait plus d’inondations. Les Egyptiens mouraient de faim et il voulait savoir où se trouvaient les sources du Nil, car il entendait s’y rendre en personne afin d’intercéder auprès des dieux qui gouvernent les eaux. Or, Imhotep ignorait leur emplacement et Djoser ne sut jamais qu’elles jaillissent dans les montagnes du nord-ouest de l’Ethiopie, où ce fleuve s’appelle le Nil Bleu. L’histoire est écrite en hiéroglyphes, sur la stèle de la famine, dans l’île de Sehel, au sud d’Assouan.

Plus de deux mille ans après, en mars 2015, le maréchal Sissi, maître de l’Egypte, s'est rendu à Khartoum, au Soudan, au confluent du Nil Bleu et du Nil Blanc, pour mettre en garde Hailemariam Desalegn, Premier ministre éthiopien : le barrage de la Renaissance, actuellement en construction, risque, avec le remplissage de son gigantesque réservoir (74 milliards de mètres cubes), de priver l’Egypte de 12 à 25 % des eaux nécessaires à son agriculture et à ses industries. Ce qui aggraverait considérablement la crise économique. Desalegn, qui juge ce barrage vital pour l’Ethiopie, refuse de suspendre les travaux. Le maréchal doit se résigner.

Au commencement de la saison des pluies, nous avons trouvé le chantier en pleine activité. Dans la vallée de Guba, les lignes à haute tension passent bien au-dessus des baobabs millénaires qui en gardent l’entrée. Les humbles pêcheurs gumuz, qui n'ont jamais vécu ailleurs, ont été évacués 50 kilomètres en amont. Grâce au barrage, dont les murailles poussent au fond de la vallée, on leur a promis… l'électricité !

En 2013, sidérés, les Gumuz assistaient aux travaux cyclopéens qui ont permis de détourner le cours du fleuve: le Nil Bleu emprunte désormais un passage laissé ouvert dans la paroi de béton. De l’autre côté, 9 000 ouvriers se relaient jour et nuit. A partir de 2025, avec une production annuelle de 53 milliards de kilowattheures, le barrage de la Renaissance donnera l’électricité dont les Ethiopiens ont grand besoin. « Ici, nous combattons notre ennemi numéro un, la pauvreté », déclare l’ingénieur Semegnew Bekele, général de cette grande armée.

La pauvreté nous a montré son visage à Gish Abay, où le Nil Bleu prend sa source à 2.744 mètres d’altitude. Au mois d’août, pendant le jeûne de ­l’Assomption, les Amharas qui peuplent la région y viennent en procession. Pour eux, ces eaux sont miraculeuses. Selon les prêtres de l’église orthodoxe Saint-Michel et Zerabruk, bâtie au XVIIe siècle, le Nil n’est autre que le Gihon, c'est-à-dire l’un des quatre fleuves du jardin d’Eden. La messe dite, la foule se presse pour recueillir l’eau sacrée dans des bidons. On vient aussi baptiser les enfants malades et purifier les mourants. Murmures, pleurs et cris, la ferveur est intense.

Des fermiers s’apprêtent à semer du teff, une céréale sans gluten. Les lignes électriques fonctionneront quand le barrage sera mis en service. Près de Kolba, en région Oromia. © Pascal Maitre

Les machines agricoles relèvent de la science-fiction; l’eau courante et l’électricité, du rêve. C’est un pays meurtri que le Nil Bleu traverse, torrentiel, jusqu'au grand lac Tana où il devient fleuve. Dans les champs, où l’on cultive le sorgho, le maïs et le teff, les bœufs sont sous le joug des laboureurs arc-boutés sur le timon en bois d’olivier. A Ati Wereka, Tchao, 10 ans, s’en va nu-pieds comme les autres écoliers. La cabane où il vit est en torchis avec porte de fer, toiture en zinc et fenêtres sans carreaux. La famille se tient dans l’unique pièce au sol de terre battue, et les sanitaires sont infestés d’insectes. Mais l’an dernier, l’électricité est arrivée et, chez l’épicier, Tchao a découvert la télé. Poutant, quand il s’est cassé le tibia en tombant d’un ficus, ce n’est pas le médecin qui l’a soigné mais la wogesha, la guérisseuse. Au lieu d’un plâtre, elle a posé une attelle en bambou. « C’est traditionnel mais ça fonctionne », dit-elle.

A Gorgora, sur la rive septentrionale du lac, les Jésuites vinrent jadis prêcher la bonne parole aux Amharas, dont le christianisme monophysite n’était pas conforme aux canons de l’Eglise romaine. En vain. Il ne reste presque rien de leur monastère. En revanche, la datcha du colonel Mengistu, grand exterminateur de masses, est à louer. Rien, dans ce repaire bâti sur un promontoire au-dessus du lac, n’a bougé depuis la fuite du dictateur rouge, en 1991.

De la terrasse, on voit passer les pélicans blancs, les cormorans, les foulques et les pêcheurs en barque de papyrus. Andreano, 24 ans, y vient souvent le soir : « J’étais à peine né quand mon père, soldat, a été tué à la guerre contre les Tigréens, qui sont au pouvoir aujourd’hui. Mon frère cadet est décédé lorsque j’avais 12 ans. Le jour de l’enterrement, maman, désespérée, s’est frappé si fort la poitrine avec le poing qu’elle est morte d’un cancer du sein. Depuis, je suis seul dans la maison. Ce qui me sauve, c’est ma passion pour les oiseaux. On voit ici des centaines d’espèces. J’en découvre une autre chaque jour et sa photo s’ajoute à mon cahier », raconte-t-il tandis que des tourterelles se posent sur la terrasse du colonel.

La centrale hydroélectrique de Tana-Beles

Le lac Tana, avec sa capacité de 32 milliards de mètres cubes, fournit 50 % de l’eau douce disponible en Ethiopie. Depuis juin 2015, l’Unesco l’a classé réserve de biosphère. C’est également, depuis 2012, un rouage essentiel de l’aménagement hydraulique du bassin du Nil Bleu. Non loin du petit port de Konzula, une partie de ses eaux est avalée par une conduite forcée de 7,20 mètres de diamètre, creusée dans le basalte pour une pente de 15 %. Courant sur 12 kilomètres à raison de 160 mètres cubes par seconde, elles actionnent les quatre turbines d’une centrale souterraine de 460 mégawatts, avant de disparaître par un tunnel de fuite aboutissant à la rivière Beles, un affluent du Nil Bleu. Mulugeta, 35 ans, directeur du site, est, avec la centaine d’ingénieurs et de techniciens qui y travaillent, un pur produit des universités qui prolifèrent en Ethiopie.

« Notre centrale de Tana-Beles, capable de produire plus de 4 milliards de kilowattheures par an, est étroitement connectée au barrage de la Renaissance. En sus de l’eau rejetée dans le Nil Bleu, elle alimente d’ores et déjà son chantier en électricité. Notre mot d’ordre est : énergie pour l’Ethiopie ! »

Au sortir du lac Tana, le Nil Bleu affirme sa toute-puissance à la cataracte de Tis Abay, « Nil fumant » en amharique. Il se précipite, en grondant, d’une hauteur vertigineuse. Ce matin d’août, les pluies avaient un mois de retard, tous redoutaient la sécheresse et la disette qu’elle entraîne. Puis il y a eu ces orages, là-haut, dans les montagnes au-dessus de Gish Abay. Du haut d’une colline où poussent le kumquat, le yucca, la stramoine et le ficus, tout un peuple s’est mis à regarder le grand fleuve. Demelsh en aurait pleuré : « Hier encore, il n’y avait là qu’un mince filet d’eau. Nous désespérions ! Mais, enfin, nos cultures sont sauvées. »

 


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