Monde
L’ONU et plusieurs ONG ont récemment tiré le signal d'alarme sur la situation qui ne cesse de s'aggraver au Yémen, en proie à une guerre sans fin, à la montée en puissance des groupes jihadistes et à une crise humanitaire d'envergure.
Des rebelles en lutte contre un pouvoir en déliquescence, des raids menés par une coalition étrangère, une lutte d’influence entre chiites et sunnites, des jihadistes qui profitent de l’anarchie, des civils pris au piège et des pourparlers de paix au point mort : cette situation rappelle évidemment la crise syrienne, mais elle correspond également à la réalité de la guerre du Yémen.
Depuis l'implication directe, en mars 2015, d'une coalition arabe sous commandement saoudien dans le conflit entre les rebelles houthis et le gouvernement du président Abd Rabo Mansour Hadi, la crise yéménite a fait quelque 6 000 victimes, dont environ la moitié de civils. Cette guerre dévastatrice s’enlise loin de l’attention de la communauté internationale, alors même que la crise ne cesse de s’aggraver. Notamment sur le plan humanitaire.
L’ONU et les ONG tirent le signal d’alarme
Soumis à un blocus maritime et aérien de facto imposé par la coalition arabe, le Yémen, pays le plus pauvre et le plus instable de la péninsule arabique, ne peut par exemple se ravitailler en fioul. Un combustible pourtant nécessaire pour alimenter en électricité la population, les pompes hydrauliques – le pays est connu pour avoir un réel problème d’accès à l’eau – et les hôpitaux.
Le 28 janvier, l'Organisation des Nations unies pour l'agriculture et l'alimentation (FAO) a tiré un signal d’alarme, resté sans écho. Selon l’organisme, près de 14,5 millions de personnes – dont 1,3 million d’enfants –, soit la moitié de la population totale du Yémen, se trouvent en situation d'insécurité alimentaire et de malnutrition, "qui s'aggrave de jour en jour".
De son côté, l'organisation Human Rights Watch (HRW) a accusé la rébellion chiite de confisquer des vivres et des médicaments, et de bloquer l'aide à la population civile dans la ville de Taëz, commettant ainsi de "sérieuses violations de la loi humanitaire internationale". Les 600 000 habitants de cette ville du sud-ouest du pays, déjà confrontés à des tirs d'artillerie et des raids aériens constants, sont soumis depuis des mois à un blocus naval.
Médecins sans Frontières (MSF) a également accusé la semaine dernière les belligérants de ne respecter "aucune des règles de la guerre" dans ce conflit qui a notamment vu le bombardement de deux hôpitaux, une clinique et une ambulance au cours des trois derniers mois. Selon le CICR, une centaine de structures médicales ont été prises pour cible depuis mars 2015.
Le Comité des sanctions de l'ONU a indiqué, lui aussi, dans son rapport annuel au Conseil de sécurité que toutes les parties impliquées dans le conflit violaient le droit humanitaire. Les experts ont même précisé que certains des raids de la coalition pourraient relever du crime contre l'humanité. Autant d’appels et de condamnations restés lettres mortes jusqu’ici, alors que sur le plan politique, aucune date pour la reprise des négociations de paix sous l'égide des Nations unies n’a été récemment annoncée.
Lutte d'influence entre Aqpa et l'EI
Une autre conséquence de la guerre yéménite devrait pourtant inciter la communauté internationale à se pencher sérieusement sur cette crise. En effet, profitant de l’anarchie ambiante, comme en Libye, les groupes jihadistes présents dans le pays ne cessent de gagner du terrain. Que ce soit Al-Qaïda dans la péninsule arabique (Aqpa) ou l’organisation de l’État islamique (EI), ces groupes, bien qu’en concurrence, ont quasiment les mains libres pour agir dans plusieurs zones du pays comme à Aden, deuxième ville du Yémen, et dans le Sud où ils multiplient les attaques et les attentats.
Si Aqpa, qui a profité ces derniers mois de la situation pour tenter de renforcer ses positions, est déjà bien implanté, la branche locale de l’EI ne cesse de monter en puissance dans ce pays considéré comme le berceau des Arabes.
Le groupe jihadiste, qui avait signé ses premiers attentats début 2015 dans la capitale Sanaa, toujours contrôlée par les Houthis, concentre ses opérations à Aden. Il a revendiqué les deux derniers attentats-suicides à la voiture piégée, perpétrés jeudi et vendredi, dans cette ville où les autorités pro-Hadi peinent à rétablir la sécurité.
La bataille s’annonce féroce entre les deux groupes, l’EI étant parvenu, selon les experts, à développer en quelques mois des moyens opérationnels supérieurs à Aqpa, qui de son côté, a repris ce lundi le contrôle d’Azzan, une ville du sud du pays.
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Près de 14,5 millions de personnes sont en situation d'insécurité alimentaire au Yémen, selon l'ONU