Fifagate: Platini... fini?

Les tuiles s’accumulent et la dernière équivaut peut-être à tout un plafond qui lui est tombé dessus: le comité d’éthique de la FIFA réclame maintenant qu’il soit banni à vie!

Récapitulons

Les élections pour choisir le prochain président de la FIFA auront lieu le 26 février prochain. Ça vient très vite. Le gagnant deviendra le plus important responsable élu du sport mondial avec le président du CIO, peut-être même plus important. Les candidats ont jusqu’au 26 janvier pour officialiser leur candidature. Sept candidats confirmés sont déjà sur le terrain.

Machination?

Patron du foot européen, Platini est accusé d’avoir reçu, en 2011, une somme de 2,7 millions $. Motif officiel: du travail de consultant effectué pour Sepp Blatter entre 1999 et 2002. Platini soutient que c’était une rémunération différée pour du vrai travail et non un pot-de-vin. Le temps que les instances de la FIFA fassent enquête, Platini a été suspendu pour 90 jours, ce qui l’a empêché de déposer son bulletin de candidature.

Il a porté sa suspension en appel, mais a été débouté, et la suspension maintenue. Ses avocats s’adresseront maintenant au Tribunal arbitral du sport, à Lausanne, sorte de Cour suprême du sport.
Pendant ce temps, après examen des allégations, le comité d’éthique de la FIFA décide de demander sa radiation à vie.

Oui, je sais, évoquer un comité d’éthique de la FIFA, c’est comme se souvenir que le comité des droits de l’homme de l’ONU est présidé par un Saoudien. Il reste que le tort fait à l’image et à la réputation de Platini est immense. Même s’il était éventuellement blanchi, le délai pour déposer sa candidature serait sans doute passé ou, de toute façon, les votants n’appuieraient pas un homme si compromis. Les avocats de Platini hurlent à la conspiration ourdie par Blatter, le président déchu, dont Platini semblait le dauphin à l’époque où ils filaient le parfait bonheur.

Que s’est-il passé?

Il s’est passé qu’au lieu d’attendre sagement que son heure vienne, lorsque Blatter lui-même aurait décidé de passer la main, Platini fut le premier autour de la table décisionnelle de la FIFA à demander publiquement la démission de Blatter.

C’était quelques jours avant les dernières élections, remportées plus difficilement que prévu par Blatter. Le vieil empereur n’a pas apprécié. Impardonnable crime de lèse-majesté.
Dès que la chute de Blatter est devenue inévitable, celui-ci s’est dit qu’il ne tomberait pas seul.
C’est du moins la thèse communément admise.

Trop, c’est trop

Une des plus vieilles règles du crime organisé est de ne pas attirer l’attention par des gestes trop étranges ou un style de vie trop flamboyant. Ce fut là l’erreur fatale. Voter pour l’octroi de la Coupe du monde de 2018 au Qatar était si fou, si délirant, si invraisemblable que la pression sur les forces policières pour qu’elles fouillent enfin sérieusement dans les affaires de la FIFA devint intenable.
C’est comme si des gens votaient pour qu’on organise un championnat mondial de ski alpin au Cameroun ou un championnat mondial de hockey au Belize.

Quand Blatter a appris le résultat du vote, il était furieux. Trop, c’était trop. Il avait compris que cet excès de cupidité marquait le début de la fin.