Un élu de l’opposition congolaise a dénoncé mercredi la "forte militarisation de Lubumbashi", deuxième ville de la République démocratique du Congo, accusant les autorités de chercher à faire taire toute voix dissidente à un an d’une présidentielle incertaine.
Le gouvernement veut "terroriser la population", a déclaré lors d’une conférence de presse à Kinshasa le député Christian Mwando, alors que la présence militaire a été nettement renforcée à Lubumbashi depuis la fin du mois de septembre.
M. Mwando appartient à une formation membre du "G7", groupe de sept partis passés à l’opposition en septembre après avoir mis en garde le président congolais Joseph Kabila, à qui la Constitution interdit de se représenter en 2016, contre la tentation de s’accrocher au pouvoir.
Invoquant des raisons similaires, le gouverneur du Katanga, Moïse Katumbi, avait annoncé fin septembre qu’il démissionnait de son poste et qu’il quittait le parti de M. Kabila, jugeant que "tout semble mis en oeuvre pour ne pas respecter la Constitution".
Lubumbashi est désormais le chef-lieu du Haut-Katanga après avoir été la capitale de la riche province minière du Katanga jusqu’à l’éclatement de celle-ci en quatre nouvelles entités administratives en vertu d’une réforme territoriale contestée.
M. Mwando a dénoncé les "tracasseries" et "intimidations" dont sont victimes selon lui les opposants à Lubumbashi, et particulièrement ceux du G7. "
Si vous fréquentez" M. Katumbi ou Gabriel Kyungu wa Kumwanza, président de l’assemblée provinciale du Haut-Katanga et un des chefs du G7, "vous êtes automatiquement traqué", a-t-il affirmé, redoutant qu’"un régime de terreur s’installe, si on ne se réveille pas".
Alors que les manifestations d’opposition sont interdites à Lubumbashi depuis près de deux mois, plusieurs ONG locales de défense des droits de l’Homme dénoncent le fait que les membres du gouvernement ou du parti présidentiel n’ont aucun mal à tenir des réunions publiques.
Le climat politique est très tendu en RDC, où l’opposition accuse M. Kabila originaire du Katanga et au pouvoir depuis 2001 - de chercher à tout faire pour se maintenir en place au-delà du terme de son mandat en décembre 2016.
Le G7, comme la majeure partie de l’opposition, voit dans le "dialogue national" que M. Kabila a annoncé vouloir convoquer sous peu une manœuvre pour retarder la date de la présidentielle, prévue avant la fin novembre 2016.