Stade des Martyrs : les travaux de réhabilitation marquent le pas

Si à Lubumbashi, seul le stade Kibasa Maliba est concerné par les travaux de réfection, à Kinshasa, trois stades sont visés : les stades des Martyrs, Tata Raphaël et Cardinal Malula. Considéré comme le plus vaste et le plus prestigieux de tous, le stade des Martyrs est parmi les premiers à avoir été fermé depuis le mois de décembre dernier pour les travaux de réfection. Mais curieusement, jusqu’à ce jour, ces travaux marquent le pas.

Le stade des Martyrs est officiellement fermé au grand public. Depuis trois mois en effet, le terrain de football n’abrite aucune rencontre sportive. Aucune autre activité culturelle, religieuse ou politique n’y est organisée. Toutes les grilles qui donnent accès à l’aire de jeu ont été scellées. N’y accèdent désormais que des travailleurs chinois et leurs collaborateurs congolais qui s’attèlent à déclasser tous les matériaux jugés vétustes.

En fait, l’entreprise chinoise chargée d’exécuter les travaux de réhabilitation de ce grand complexe du football congolais s’est attelée, jusqu’à ce jour, à arracher tous les sièges des gradins du stade. On peut s’en apercevoir en jetant un coup d’œil curieux à travers les grilles qui obstruent les différentes entrées de ce stade. A première vue, on constate également que le tartan qui cernait la pelouse synthétique du terrain de football n’est plus visible dans certaines zones. On peut désormais voir des couches de terres qui étaient jadis couvertes.

Dans les gradins, au-dessus des vestiaires, des ouvriers chinois continuent à arracher des carreaux, des lavabos, des urinoirs… en vue, certes, d’un éventuel remplacement. Mais le remplacement proprement dit n’a pas encore démarré, faute de matériaux. Commandés à l’étranger, ces équipements seraient encore en route, poussant bon nombre de travailleurs à se tourner le pouce.

IMPATIENCE DES KINOIS

Impatients, les agents congolais qui œuvrent au sein de cet édifice sportif redoutent que les travaux de réfection arrivent à échéance au-delà du délai buttoir. "Depuis que le stade des Martyrs est fermé, les travaux entrepris par les Chinois n’ont pas encore atteint la vitesse de croisière. Ils ont certes enlevé tous les sièges qui se trouvaient sur les gradins, et s’adonnent pour le moment à arracher le tartan sur l’aire de jeu, les carreaux et les lavabos dans les toilettes… Mais les travaux proprement dits de réfection n’ont pas encore démarré", commente M. Monganga, chargé de la sécurité du stade.

Selon des confidences, révèle l’agent de sécurité, les travailleurs chinois attendent le matériel commandé qui serait déjà arrivé dans la province du Bas-Congo et n’attendrait que l’occasion appropriée pour être acheminé dans la capitale. "Nous craignons que ce stade fermé pour être réhabilité soit laissé dans cet état", expire-t-il. "Connaissant l’ardeur des Chinois, nous sommes toutefois convaincus qu’ils pourraient finir la réhabilitation du stade dans le délai s’ils s’y mettent".

Pour sa part, un chauffeur de l’entreprise chinoise, croisé en face de l’entrée des vestiaires, a indiqué que les Chinois n’attendent que l’arrivée des matériels pour travailler d’arrache-pied. "Je suis leur chauffeur", explique-t-il à Forum des As. "Connaissant leur savoir-faire, les Chinois vont certainement accélérer les travaux de réhabilitation du stade dès que le matériel sera à Kinshasa. Cela pour éviter que la Confédération africaine de football (Caf) sanctionne notre pays, en lui retirant l’organisation de cette compétition africaine de football. Moi qui travaille avec les Chinois, je suis sûr que, d’ici là, l’équipement que nous attendons sera bientôt à Kinshasa. Pas de crainte".

CRAINTES DES SPORTIFS CONGOLAIS

En juillet 2014, la Confédération africaine de football (Caf) projette une visite d’inspection en RDC afin de s’enquérir de l’état d’avancement des travaux d’organisation pour la réussite de cette grande fête de football, prévue au mois de février 2015. Mais, vu le retard consommé dans la réhabilitation des infrastructures sportives, les passionnés du football roi, craignent que la Caf puisse retirer la RDC de l’organisation de cette compétition pour la confier à un autre pays.

Alors que le pays s’attend à organiser pour la première fois une phase finale d’une compétition continentale de football, le retard dans la réfection des stades sera préjudiciable pour cette nation, deux fois vainqueur de la Coupe d’Afrique des Nations de football et premier pays de l’Afrique subsaharienne à avoir été au Mondial en Allemagne en 1974. Ce retard dans l’exécution des travaux pourrait également entraîner la disqualification de la candidature de la RDC à la CAN 2019.