Economie
La renégociation sur la joint-venture Sicomines a abouti sur un ajout de 7 milliards de dollars sur dix ans au profit de la RDC. Le président Félix Tshisekedi l’a déclaré dans son speech d’investiture le 20 janvier 2024 au stade des Martyrs de la Pentecôte. L’inspecteur en chef de l’IGF, Jules Alingete Key, tenait ferme à un avenant de 17 milliards de dollars pour un meilleur rééquilibrage entre la RDC et le Groupement des entreprises chinoises. Mais le chef de l’État avait diplomatiquement tempéré au nom de l’amitié sempiternelle entre la RDC et la Chine. Mais devant le monde, Tshisekedi a, naturellement, manifesté, urbi et orbi, toute sa reconnaissance à l’Inspection générale des finances qui avait décelé le déséquilibre en défaveur de la RDC dans le projet mitoyen Sicomines.
Tshisekedi a annoncé un premier décaissement de 300 millions de dollars dès janvier 2024 et 400 millions en avril 2024… au profit du désenclavement des territoires dans l’arrière-pays. L’IGF a donc offert un appui financier qui donnera de la visibilité au Programme du développement local (PDL) de 145 territoires. Chaque année, la RDC bénéficiera de ces décaissements financés par le projet Sicomines.
Commencées depuis juin 2023, les négociations sur la revisitation du fameux troc ont été marquées par des estocades verbales, des positions extrêmes. Mais la tempête a fini par se calmer. Le 10 juillet 2023, le tempéré Jules Alingete a monté d’un cran sur l’échelle de l’ire, décontenancé par l’attitude hautaine des délégués des entreprises chinoises, Crec, Sinohydro et Exim Bank. Ce jour-là, au sortir du Palais de la Nation – l’équivalent de la Maison-Blanche en RDC-, le chef de service de l’IGF s’est offusqué de ce qu’il a qualifié de néo-colonialisme jaune auquel, d’après lui, les Congolais ne sauront se soumettre. Fin février 2023, le rapport de l’Inspection générale des finances dénonçait le caractère déséquilibré de ce contrat chinois conclu du temps de Joseph Kabila, voilà 16 ans. Non seulement la Sicomines, la joint-venture créée par le Groupement d’entreprises chinoises (GEC) et la Gécamines n’a guère apporté “quelques milliards de dollars” comme s’en vantait le 1ᵉʳ ministre, Matata Ponyo, en mai 2012 devant l’Assemblée nationale, mais surtout nombre d’infrastructures, pour lesquelles la partie chinoise se trouvait en droit de puiser cobalt et cuivre dans le cooperbelt katangais, et nul doute d’autres minerais connexes non déclarés, n’ont point connu un début de commencement d’investissements dans les infrastructures.
Il s’agit notamment de 3 000 km de chemins de fer, 31 hôpitaux de 150 lits et 145 centres de santé dans chacun de 145 territoires de la RDC. La valeur initiale de tous les projets convenus dans ce troc était de 6,5 avant d’être réduite de plus de moitié, 3 milliards de dollars, suite à des pressions du FMI, et en coulisses, des pays occidentaux. Pour autant, Jules Alingete déplore que la RDC ait apporté dans la société minière d’économie mixte, outre des gisements évalués à plus de 50 milliards de dollars, un régime d’exemptions fiscales qui n’a guère porté les effets escomptés. Alors que les entreprises chinoises ont déjà tiré plus de 10 milliards de dollars de bénéfices dans le cadre de ce partenariat, la RDC ne s’était jusque-là contentée que du menu fretin, des infrastructures évaluées à 822 millions de dollars, du reste surfacturées, foi de l’IGF.
Pour le service de Jules Alingete, au regard des apports de chaque partie dans Sicomines, il est clair comme l’eau de roche que la RDC a été flouée, car ses parts sont établies à 32 % contre 68 pour le GEC. Ainsi, Jules Alingete et son IGF ont-ils mobilisé le comité stratégique engagé dans les négociations avec les Chinois à ne pas fléchir tant les revendications de la RDC sont toutes fondées. Le comité stratégique comprend notamment les ministres des Infrastructures, du Budget, des Finances, des Mines, la Gécamines, l’Agence de pilotage de coordination et de suivi de convention de collaboration signée entre la RDC et les partenaires privés (APCSC), le secrétariat exécutif de l’Initiative pour la transparence des industries extractives (ITIE) et naturellement de l’IGF. Jules Alingete a tenu mordicus et a réussi à faire obtenir une réparation financière conséquente pour les griefs relevés dans le contrat chinois. Et ces dommages et intérêts doivent être assortis, primo, d’un changement dans la répartition du capital et des bénéfices dans la Sicomines.
Secundo, la joint-venture minière doit reposer sur une nouvelle répartition équilibrée des responsabilités ainsi qu’une augmentation du montant des investissements chinois dans les infrastructures, au moins du simple au double, soit de 3 à 7 milliards de dollars à court terme. Tertio, le respect de délais dans la construction et la livraison des infrastructures convenues. Attendons voir.
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Jules Alingete, l’inspecteur général des finances @Photo Droits tiers.