Législatives nationales : Bemba, la grosse désillusion

En première ligne pendant la campagne électorale, Bemba s’est cassé les dents lors du décompte final aux législatives nationales. Le MLC, son parti, se retrouve bon dernier dans le peloton de tête.

Rêvant de jouer les premiers rôles après les élections, l’ex-prisonnier de La Haye s’éloigne du poste très convoité de Premier ministre. Avec l’Udps, il a appris et doit encore apprendre. Il n’y aura aucun cadeau que le parti présidentiel fera à ses partenaires politiques, nous dit-on.

Bemba a brillé par la naïveté, pensant qu’en jouant au chien méchant, il plairait à l’Udps et à son leader. Mais c’était sans compter avec la cupidité du parti présidentiel qui, depuis la rupture de la coalition FCC-CACH, ne souhaite plus subir le diktat d’un quelconque partenaire politique. Dès le départ, l’Udps voulait avoir, à elle seule, la majorité pour permettre au président Tshisekedi d’avoir les coudées franches afin de bien mener sa politique. L’expérience du FCC de Joseph Kabila a assagi le parti au pouvoir qui ne s’hasarde pas de retomber dans le même piège au nom d’une quelconque alliance politique. De nombreux regroupements sous forme de mosaïque de l’Udps ont été créés à cette fin. Si Kamerhe a payé le prix le plus fort en passant plus d’une année en prison avant de tourner la page à l’accord de Nairobi où logiquement son allié devait lui céder la présidence après le premier quinquennat, le Mlc ne pouvait que subir ce châtiment pour réduire les ambitions Bemba à la baisse. “Il ne sera pas le dauphin”, prévient déjà un membre du sérail qui se moque de Bemba. Une indication pour dire au chef du MLC, voilà ce que tu vaux réellement.

 Bemba derrière Sama et Paluku aux législatives 

Le score réalisé par le MLC interroge. Les trois derniers cycles, le MLC a sensiblement régressé au lieu de progresser. En 2006, le parti de Jean-Pierre Bemba avait obtenu 104 députés. En 2011 : 22 députés, en 2018 : 22 députés et enfin en 2023, le Mlc se contente de 19 députés. Il vient en huitième position, loin derrière l’UDPS/Tshisekedi 69 députés, l’UNC de Kamerhe 36 élus, l’AFDC de Bahati 35 députés, l’AB de Sama Lukonde 26 élus, l’A/B50 de Paluku, l’AAAP de Tony Kanku et les 2A/TDC avec 21 députés chacun.

En dehors du langage ordurier de son leader, le MLC sombre et n’arrive plus à sortir de l’eau. Les détracteurs du parti ironisent en parlant même du déficit de stratégie en haute politique ou de panne de stratégie. Certains proches de Bemba évoquent le départ de nombreux cadres qui faisaient la force du parti. D’autres considèrent que les nouveaux leaders qui émergent dans le grand Équateur, piétinent le leadership de Bemba dans ce que lui pensait être toujours son fief. Mais loin de toutes ces réalités, les inconditionnels du Chairman continuent à brûler les pneus sur la voie publique. Ils crient au jeu malsain de l’Udps pour réduire l’influence de leur leader. Peine perdue. De leur conviction, leur parti a gagné beaucoup plus de sièges que leurs concurrents partenaires de l’Union sacrée.

Des mauvais perdants qui ont pourtant célébré la victoire de Fatshi à la présidentielle, mais qui se rétractent bizarrement aujourd’hui aux législatives. Bemba doit aller jusqu’au bout de sa logique. Autant il a soutenu Fatshi pour sa victoire à la présidentielle, autant il doit boire le calice jusqu’à la lie en acceptant en toute sportivité le score ridicule réalisé par son parti.

 Le dauphinat s’éloigne 

Avec ce camouflet, l’ex-détenu de La Haye doit désormais s’adapter à la nouvelle vie de frustrations. Déjà que les premiers choix au gouvernement devront être faits par l’Udps, l’Unc et l’Afdc. Le Mlc figure dans le deuxième tableau derrière Sama Lukonde et Julien Paluku. Un cardinal de l’Union sacrée a été tranchant. Le partage des responsables au sein des institutions tient compte du poids politique. Avec la maigre moisson obtenue aux législatives, le Mlc devra accepter de jouer en division B. Dans cette logique, il est difficile qu’on accorde même le dauphinat à quelqu’un qui a perdu de son aura. Si ce n’est pas l’Udps – ce qui semble évident, le successeur de Tshisekedi viendrait de l’Unc. Ainsi, va la vie politique.