L’analyse critique des preuves du ministère public a été au cœur de la plaidoirie de la défense jeudi, à l’audience de la Haute cour militaire tenue au Centre pénitentiaire et de rééducation de Kinshasa(CPRK). Le coordonateur des avocats de la défense, Me Bokata a indiqué que l’élément déclencheur de la preuve pour le ministère public est le dépôt de la lettre de l’Inspection générale par le prévenu Muila à la Voix des sans Voix le 27 mai 2010, alors que Chebeya était constamment à la recherche d’un entretien avec le Général John Numbi par sa correspondance du 10 février 2010 dans laquelle il fustigeait les conditions dégradantes des amigos et des prisons.
Une autre précision maitresse de l’accusation, a-t-il fait savoir, provient des relevés téléphoniques des appels des prévenus qui ne donnent pas la certitude de la personne qui a émis l’appel. L’organe de la loi a soutenu dans son réquisitoire que Chebeya était dans les installations de l’Inspection générale (IG), propos que le colonel Mukalay, ancien directeur adjoint de renseignement des services spéciaux de la police en 2010 a rejeté dans sa déposition affirmant que ce rendez-vous avait été annulé étant donné que le général John Numbi était à Maluku pour superviser le défilé du cinquantenaire de la RDC, a dit Me Bokata avant d’ajouter que le SMS que Chebeya avait envoyé à son épouse et à la dame de la MONUSCO était une pure invention de l’ accusation.
Le ministère public a induit la Haute cour en erreur dans son réquisitoire lorsqu’il affirme que Gomer Martel, sujet camerounais, avait dit avoir vu Chebeya dans le halle de l’IG alors qu’il était rentré dans son lieu de détention à la police de renseignements et d’investigation à 18 heures 10 après s’être entretenu avec son client pendant deux minutes.
Me Bokata a, en outre, souligné que le récit de Kalala Calao, chauffeur privé de Daniel Mukalay n’a aucun fondement ni crédit, d’autant plus qu’il a été contredit par le major Yav Kot, secrétaire de Mukalay. Une autre ineptie dont s’est servi l’organe de la loi est le rapport de la scène de crime du major Nkuna de la police scientifique, et de la déclaration de Kalala selon laquelle Chebeya serait mort d’une asphyxie. Ce rapport a du reste été balayé par celui d’autopsie du Dr Tshomba, médecin légiste qui atteste que Chebeya est décédé d’une mort subite du fait de la displagie arithmogène.
S’agissant de Fidèle Bazana, a soutenu Me Bokota, il est totalement absent de ce procès d’autant plus que le jugement déclaratif de sa mort rendu par le Tribunal de grande instance de la Gombe est précaire, donc une fiction juridique. Me Bokata a demandé à la Haute cour de dire non établi, en fait comme en droit, les préventions mises à charge de son client et de le renvoyer aux fins de toute poursuite.