Les Nations unies ont appelé mercredi la communauté internationale et le gouvernement congolais a débloquer les fonds nécessaires pour la démobilisation et la réinsertion des anciens rebelles en République démocratique du Congo. "Il faut avoir plus d’argent, parce que sans argent on ne peut pas agir", a déclaré Martin Kobler, chef de la Mission de l’ONU en RDC lors d’une conférence de presse à Kinshasa alors que ce programme accumule les retards.
"Les autorités congolaises ont présenté en décembre 2013 les grandes lignes d’un troisième programme de désarmement, démobilisation et réintégration [DDR3], censé concerner plus de 12.000 miliciens congolais. La Monusco a débloqué six millions de dollars", a affirmé M. Kobler, mais la communauté internationale est un peu réticente pour donner plus d’argent maintenant parce que la contribution du gouvernement congolais n’est pas claire, a affirmé M. Kobler.
Le gouvernement congolais avait dans son plan 10 millions de dollars, on a maintenant 1,5 million de dollars qui sont là, plus les 6 millions de la Monusco, a ajouté le diplomate allemand.
Interrogé par l’AFP, François Muamba, coordonnateur congolais du Mécanisme national de suivi de l’accord d’Addis Abeba (accord régional signé en février 2013 pour tenter de ramener la paix dans la région des Grands Lacs), confirme que pour l’exercice en cours, la RDC a débloqué 1,5 millions de dollars. Les 6 millions de dollars de la Monusco correspondent à l’engagement de l’ONU pour l’exercice en cours.
"Le coût total du DDR3 a été évalué par les autorités congolaises à 85 millions de dollars. L’État a prévu de le financer à hauteur de 40 millions de dollars par tranches de 10 millions sur quatre années et compte sur la communauté internationale pour le reste. Plusieurs bailleurs étrangers comme l’Union européenne et les États-Unis ont dit être prêts à contribuer mais leurs financements se font attendre. Nous attendons de la Communauté internationale qu’elle se montre conséquente", a déclaré M. Muamba à l’AFP, demandant que l’on passe à la libération des fonds.
Plusieurs milliers d’anciens miliciens congolais ayant déposé les armes sont cantonnés depuis des mois dans trois bases militaires où ils attendent la suite du processus qui, selon M. Muamba, a été lancé officiellement en mai. Organisés après la deuxième guerre du Congo (1998-2003), les deux premiers DDR n’ont pas mis fin à la violence dans l’Est du pays, où sévissent toujours plusieurs dizaines de groupes armés.
"Avant de participer financièrement au DDR3, la communauté internationale a demandé à Kinshasa des garanties permettant de miser sur la réussite du programme. Elle semble à ce jour insatisfaite des réponses obtenues. Le DDR3, on n’y croit pas", déclare un diplomate européen sous couvert d’anonymat, estimant que le plan du gouvernement manque de mesures concrètes et que les rebelles désarmés sont abandonnés à leur sort.
Selon la Monusco, "les anciens rebelles cantonnés à Kotakoli, dans l’extrême nord-ouest du pays ont vandalisé pendant le week-end quelques bâtiments au sein du camp alors que leur démobilisation n’avance pas. La situation dans ce camp où plusieurs dizaines de rebelles et de membres de leurs familles sont morts en 2014 est une grande préoccupation pour nous", a dit M. Kobler.
Selon M. Muamba, "les quelque 900 anciens rebelles de Kotakoli devraient être transférés sous peu à la base de Kamina, au Katanga [sud-est] qui offre une capacité de prise en charge bien meilleure".