L'avion du président soudanais a décollé d'un aéroport militaire de Johannesburg lundi matin 15 juin, selon des médias locaux, alors qu'il fait l'objet d'une interdiction de quitter l'Afrique du Sud. Il était impossible d'avoir immédiatement la confirmation qu'il était à bord.
L'appareil a été vu décollant de l'aéroport militaire de Waterkloof. Omar el-Béchir était venu à Johannesburg pour participer à un sommet de l'Union africaine.
La Cour pénale internationale (CPI), qui poursuit le président soudanais pour génocide, crimes de guerre et crimes contre l'humanité, avait demandé à l'Afrique du Sud de procéder à son arrestation.
Entourage pas inquiet
L'entourage de M. Béchir n'avait cependant jamais semblé inquiet. "Cette action en justice, c'est l'affaire du gouvernement sud-africain [...] Nous sommes ici comme hôtes du gouvernement sud-africain".
"Des assurances ont été données par ce gouvernement", avait déclaré dimanche le ministre soudanais des Affaires étrangères Ibrahim Ghandour. Lundi matin, un autre membre de la délégation avait affirmé que le président partirait lundi comme prévu.
Un Tribunal de Pretoria avait prononcé dimanche une interdiction de quitter le pays à son encontre. Alors que l'avion décollait, l'audience se poursuivait dans ce Tribunal.
Crimes de guerre, contre l'humanité et génocide
Deux mandats d'arrêt ont été lancés par la CPI contre Omar el-Béchir, en 2009 et 2010, pour crimes de guerre, crimes contre l'humanité et génocide en relation avec le Darfour, région de l'Ouest du Soudan en proie aux violences depuis 2003. Plus de 300.000 personnes sont mortes dans ce conflit selon l'ONU.
Dans une décision rendue publique dimanche, la CPI indique avoir rappelé le 28 mai à l'Afrique du Sud son obligation statutaire, en tant qu'Etat membre de la Cour, d'arrêter et de lui remettre M. Béchir si celui-ci se rendait sur son territoire.
A l'étranger, les Etats-Unis ont fait part de leur "vive inquiétude". "Nous appelons le gouvernement sud-africain à soutenir ces efforts de la communauté internationale pour rendre justice aux victimes de ces crimes haineux", indique un communiqué du département d'Etat américain.